'I don't want to fuck you" (Serge Gainsbourg 12 février 2012)
BO DIDDLEY (30 décembre 1928 - 2 juin 2008)
Posté par : Francois Branchon le 03/06/2008
Créateur en 1955 du riff de folie qui ensorcèle les jambes et hypnotise le cerveau (voir vidéo ci-dessous chez le sec Ed Sullivan, qui ne lui serre même pas la main), Bo Diddley, de son vrai nom Ellas McDaniel, perpétuera sans fin sur sa fameuse guitare carrée son rock'n'roll croisé de jive. Il connaîtra une nouvelle "vie" lors du Summer of love californien, programmé aux Fillmore et Winterland de San Francisco, en devenant le gourou de jeunes groupes rock d'alors, son néo-vaudou offrant les trames idéales de délires sans fin : son classique "Who do you love" - et ses variantes - ouvrait les concerts des Doors et fut repris à l'infini, par Santana, Tom Rush, Peter Green, Townes van Zandt et bien sûr Quicksilver Messenger Service (à qui le "Mona" doit tout) qui en firent le fil rouge de leur gigantesque "Happy trails".
BO DIDDLEY Bo Diddley (Ed Sullivan Show 1955)
THIERRY HAUPAIS (1952 - 2007)
Posté par : Francois Branchon le 01/06/2007
Il venait de la rue de Lorraine, la première adresse de Libé, et après un viron rennais où il avait façonné la scène musicale locale (découvreur-producteur-mentor de Marquis de Sade, et de leur groupie Etienne Daho), Thierry Haupais a connu la reconnaissance quand Richard Branson, le grand manitou de Virgin, lui confia, en même temps qu'à Philippe Constantin et Patrick Zelnick, la création de sa filiale française.
Il s'y éclatera comme n'importe quel électron libre talentueux et provocateur peut rêver le faire lorsqu'on lui donne le pouvoir. Et de 1980 à 1985, Virgin France s'est permis ce luxe jouissif de lui laisser le pouvoir artistique.
Les meilleurs labels anglais signés en distribution, 4AD, Rough Trade, Cherry Red, Factory, Red Flame, Beggars Banquet... et "sa" grande découverte au fond d'une cave parisienne : un garçon gigotant avec sa guitare devant un Revox pendant que se tortillait une fille emmaillotée de sacs Félix Potin. Le duo fut signé sur le champ, car les Rita Mitsouko allaient “forcément marcher un jour !!".
Thierry a fait de Virgin France une référence, qui pouvait à juste titre revendiquer son esprit "rock" et sa domiciliation sur les hauteurs de Belleville, quand toutes les autres boites bourgeoisaient du côté de Neuilly.
"Si c'est bon et si c'est vrai, ça marchera un jour"... Thierry m'aura appris ça, une philosophie de patience, d’intégrité et de jouissance du temps, généralement peu compatible avec les diktats économiques actuels.
Exilé (retraité) à Trouville, Thierry Haupais, bien loin de ruminer l'ingratitude d'un monde qui ne l'avait pas reconnu, s'était replongé dans des délices de jeunesse, l'écriture, politique et philosophique du quotidien. C'est une anémie qui l'a emporté, à 55 ans.
Et tiens, les Rita Mitsouko n'ont même pas envoyé de condoléances...
Le pianiste allemand Siegfried Kessler vient de nous quitter, ce lundi 22 janvier, à l'age de 71 ans.
Né à Sarrebruck en 1935, il s'était installé définitivement en France à partir de 1967. Peu après son arrivée, il est devenu l'un des grands habitués du Gill's Club jusqu'au début des années 70. C'est en fréquentant ce club de jazz, alors tenu par Gérard Terronès, que Kessler eu la chance d'inaugurer le label Futura en y enregistrant son premier disque "Live at the Gill's Club" (paru en 1969 et réédité en décembre 2006), entouré de Barre Philips et de Steve McCall. Résolument tourné vers le free jazz à ses débuts, il a ensuite considérablement élargi son jeu en tournant avec des musiciens d'horizons très éloignés les uns des autres : Hal Singer, John Gilmore (l'emblématique saxophoniste du Sun Ra Arkestra), ou bien encore Yochk'o Seffer. Mais sa rencontre avec Archie Shepp, à la même époque, va marquer une étape fondamentale dans le développement musical de Siegfried Kessler, aboutissant ainsi sur une collaboration régulière pendant une dizaine d'années et une exposition médiatique sans précédent pour ce pianiste allemand.
Les années 2000 ont été marquées par un regain d'intérêt pour Kessler. La jeune réalisatrice Christine Baudillon avait, en guise d'hommage, monté le documentaire "Siegfried Kessler, a love secret" (Hors-ÂŒil Editions). En 2005, la critique a, à son tour, acclamé le duo Shepp-Kessler et son retour grâce à leur nouvel album First Take, sorti alors sur le label Archie Ball. Ce prometteur retour sur scène restera finalement sans suite. Ayant vécu pendant près de 26 ans sur son bateau à la Grande Motte (Hérault), c'est à l'image de son mode de vie que Siggy, comme l'appelaient ses proches, a définitivement quitté les planches du jazz : Avec discrétion et confidentialité.