Chroniques Films

Le serpent d'Eric Barbier (avec Yvan Attal, Clovis Cornillac, Pierre Richard)

Posté par : Francois Branchon le 21/01/2007

Il y a entre "Le Serpent" d'Eric Barbier et un Martin Scorcese bien ficelé (auquel sa promotion tente de le comparer), l'espace - immense - entre une vraie histoire (suspense, rebondissements, imprévus, complications, retournements) et le déroulement plan plan d'une histoire convenue dont on sait tout à l'avance.

On ne lui en demandait pas beaucoup à Barbier, on ne lui en aurait pas voulu de ne pas tenter un scénario à la Lynch, une histoire qui s'épaissirait au fil des scènes ! Mais enfin, quand tout est prévisible, quand tous les ressorts sont non seulement connus mais attendus, on se prend dès la moitié du film à attendre en se marrant le "cran" suivant.

Prisonnier d'une pesante et très vite installée dialectique du bon et du méchant, "Le serpent" - qui va "forcément bien finir" - est fichu d'avance, privant le spectateur de toute l'angoisse liée à d'autres issues possible. Dès lors, il ne reste plus que la mise en scène, le montage et le talent des maquilleuses pour activer la machine à frissons. Et la "montée en puissance" de ce scénario privé de fond va jouer sur la seule esthétique de la terreur, soulignée au canon par une musique pseudo fantastique, assourdissante et vaine, pour culminer sur un semblant de remake du combat final De Niro - Nolte de "Cape fear" ("Les nerfs à vif") de Scorcese.

Rayon acteurs, Clovis Cornillac - qu'on commence à un peu trop voir - est plutôt crédible en psychopathe machiavélique à toute épreuve et il devrait creuser avec intérêt ce type de personnage, la multi-victime Yvan Attal est un rien trop ordinaire - on imaginerait un état autrement plus chaotique et désespéré au centre d'un tel bordel autour de soi. Pierre Richard n'a qu'une participation, mais capitale à l'histoire, son personnage aurait mérité une attention plus fine.

Pas à l'abri d'incohérences (l'évasion de Attal de la PJ, 150 flics en folie qui fouillent une maison en négligeant la cave) ou de grand guignol involontaire (la sortie de la mère et des deux enfants du congélateur), "Le serpent", dont le scénario n'oublie pas l'intrigue sentimentale de second plan percluse de bons sentiments, finira un jour sa carrière à 20h40 sur TF1 - avec mise en garde de Chazal aux "âmes sensibles" pour la présence de sang à l'écran.

4/10

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