| Chroniques ConcertsMatt Ward - Paris Le Point Ephémère 29 Octobre 2006Posté par : Jérôme Florio le 30/10/2006
Concert impeccablement maîtrisé de Matt Ward, seul sur la scène du Point Ephémère. En tout point irréprochable : guitariste hors pair au toucher délicat, voix grognon et caressante (Tom Waits en moins rugueux), excellentes chansons. En solo, sa technique lui permet de tout jouer et d'emmener ses compositions où bon lui semble, à son rythme – en fredonnant quelques mesures de "Girl from Ipanema", agrémentant ses parties de guitare de solos limpides. Ward s'est baladé dans le répertoire de ses trois derniers disques, et démontrant que les chansons de son dernier "Post-war" ne perdent rien (au contraire) en passant à l'acoustique. Matt Ward connaît son métier (très facile, il boit quelques gorgées en plein milieu d'un morceau au clavier, laissant la mélodie en suspens) : un peu autiste, à peine manquait-il un brin de folie et de communication avec le public pour vraiment soulever les coeurs – l'invite d'un gars du public pour tenir le piano au dernier rappel ("Rollercoaster") était sympathique bien qu'un peu forcée (c'est le dessinateur et musicien David Scrima qui s'y est collé !).
Shearwater + John Vanderslice + Luke Temple - Paris La Maroquinerie 27 Octobre 2006Posté par : Jérôme Florio le 29/10/2006
Un plateau d'artistes signés chez Fargo, pour une soirée qui aura confirmé le jeune talent de Luke Temple (rajouté à l'affiche sur le tard), et donné de Shearwater une image live conforme à leur disque : superbe et riche en émotions.
On passera sur John Vanderslice, malheureusement pour lui pris en sandwich entre deux shows impeccables – il ne se passe pas grand-chose dans ce soft-rock seventies à la Jackson Browne (en légèrement plus rock et binaire). En plus sur quelques titres, la manie de tester toutes ses pédales d'effet.
Jonathan Meiburg était venu seul il y a quelques mois (en lever de rideau pour Emily Loizeau au Café de la Danse) pour présenter quelques titres de "Palo Santo". Avec son look d'étudiant sage, il avait paru un peu frêle pour dévaler les pentes escarpées de chansons qui paraissaient presque plus grandes que lui. Mais en groupe, la différence est d'envergure. Kim Burke, la rousse contrebassiste, est un point d'ancrage fixe (et pas que pour les regards), sereine et souriante (une saine déformation de musicienne classique ? ou un effet collatéral de la musique du groupe ?). On aurait davantage vu Thor Harris en couv' de Hard'n Heavy, batteur trapu aux cheveux blonds filasse et en vieilles baskets : gros coeff sympathie donc. C'est surtout un batteur très musical, jouant d'une main sur ses toms et de l'autre sur un xylophone, appuyant quand il le faut ou déployant un rythme spatial presque free-jazz ("Nobody"). Howard Draper est partout, au clavier, aux percus ou à la guitare, insufflant constamment une grande énergie. Jonathan Meiburg peut se laisser porter, et laisser éclater sa voix qu'il pousse jusqu'à ses limites. Parmi les bons moments, les versions de "Whipping boy", "Red sea, black sea" et "White waves". Et en rappel, une reprise de "Baby's on fire" de Brian Eno. Deux regrets : concert trop court (une petite dizaine de titres), et surtout un public pas venu en masse, mais très attentif et réceptif.
On était encore moins nombreux quand Luke Temple est monté sur scène à 20h15. Il a commis l'exploit de ne jouer aucun des titres de son disque "Hold a match for a gasoline world" (il est vrai constitué de morceaux assez anciens, une sorte de compile très prometteuse). Très bon sur les titres rapides joués en picking, son écriture semble d'un autre côté évoluer vers un storytelling folk-blues plus classique, proche de Bob Dylan. Temple a séduit, grâce à sa voix et la qualité de ses chansons. A suivre, en tête d'affiche cette fois.
The Black Keys - Paris Trabendo 05 Octobre 2006Posté par : Jérôme Florio le 07/10/2006
Les Black Keys passaient hier soir dans le petit village gaulois de Lutèce défendre leur dernier disque "Magic potion" : cette potion magique, le blues, nul doute qu'ils sont tombés dedans quand ils étaient petits. Dan Auerbach et Patrick Carney ont livré un set puissant, brut et maîtrisé, chauffé à blanc. La guitare d'Auerbach crachait des riffs blues et rock, étroitement soutenus par les nerveuses rafales rythmiques de Patrick Carney à la batterie, espèce d'escogriffe dont les grands bras semblaient indépendants du corps. Complètement pris par le son énorme et superbe de sa Gibson SG, Dan Auerbach alternait avec science jeu rythmique, solos et licks nerveux – le Dieu Electricité reconnaîtra les siens : quel pied d'entendre une guitare rugissante et si bien (mal)traitée après tous ces groupes qui en jouent comme d'un accessoire de mode. Et quand les Black Keys ont baissé le tempo sur un titre, presque un slow, c'est sans surcharger, jouant avec science des ruptures et des cassures de rythme. Leur hard-blues aurait pu emballer jusqu'au bout de la nuit (deux titres en rappel seulement), tant cette musique a un pouvoir à la fois énergique et hypnotique (très bien mis en valeur sur leur récent EP "Chulahoma", des reprises de Junior Kimbrough) – un morceau mid-tempo assez long tendait même vers un psychédélisme très sec, rupture intéressante avec les canons du genre.
The Woodentops + Botanica - Paris La Flèche d'Or 19 Septembre 2006Posté par : Emmanuel Durocher le 03/10/2006
Dans le cadre du premier anniversaire de la nouvelle (et excellente) formule de la Flèche d'Or avec ses nombreux concerts gratuits chaque soir, la salle située dans une ancienne gare de la petite ceinture parisienne accueille les Woodentops, formation (un peu) culte des années 80.
En première partie, les new-yorkais francophiles de Botanica créent une bonne surprise avec leur musique naviguant entre rock racé et cabaret ténébreux, le chanteur Paul Wallfisch met le public dans l'ambiance en cabotinant avec son porte-voix à la manière d'Hawksley Workman.
Plus de vingt ans après leurs débuts, les Woodentops n'ont rien perdu de leur énergie initiale, Rolo MacGinty se démène tel un forcené à interpréter ses chansons qui n'ont pas pris une ride, le public rentre dans le jeu et semble conquis par la pop colorée qui mélange les guitares "jingle-jangle" des Smiths et acoustiques des Violent Femmes mais aussi l'électro-punk déglingué hérité de Suicide, de Devo et de Wire. Et même quand la technique fait défaut, les cinq musiciens ne se laissent pas démonter en continuant le concert dans la bonne humeur.
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