| Chroniques FilmsLa musique pop chez Martin ScorsesePosté par : Jérôme Florio le 02/12/2005
La musique pop chez Martin Scorsese
Martin Scorsese est autant un boulimique de cinéma que de musique, ce que l'on peut vérifier à l'occasion de la rétrospective qui se joue actuellement au Centre Pompidou (Paris) jusqu'au 6 mars prochain. A part ses films "en costumes" ("Le temps de l'innocence", "La dernière tentation du Christ" - mais la BO a été composée par Peter Gabriel) et des collaborations avec des compositeurs célèbres (Bernard Herrmann pour "Taxi Driver", Elmer Bernstein sur "Gangs of New-York"), tous ses films situés dans l'époque contemporaine portent la marque de la passion sincère qu'il porte aux musiques populaires américaines. Un juke-box impressionnant, qui est devenu sa marque de fabrique - ou son fonds de commerce pour certains...
Scorsese a accompagné de près toutes les évolutions de la musique pop : assistant réalisateur pour le documentaire sur Woodstock (1970), derrière la caméra pour filmer le dernier concert du Band ("The last waltz", 1974), il donnera le premier rôle de "Alice n'est plus ici" au chanteur de country Kris Kristofferson. Il dirigera aussi un clip de Michael Jackson ("Bad", en 1987)... suivi par un de Robbie Robertson, ex-leader du Band ("Somewhere down the crazy river", 1988). Récemment, il a été à l'initiative d'une série de sept films sur le blues, et a réalisé un documentaire sur Bob Dylan sorti en DVD ("No direction home", 2005).
Il y a dans ses films du "classic-rock" (The Doors - "The end", quelques années avant Coppola - , inoubliable "Jumping Jack flash" des Rolling Stones dans "Mean streets", Cream, The Animals...) mais pas seulement : Scorsese est aussi perméable à l'actualité. On entend aussi bien du "glam-rock" en 1974 dans "Alice n'est plus ici" (T-Rex et Mott the Hoople ), The Pretenders et The Talking Heads dans "King of comedy" (1982)... que Robert Palmer et Phil Collins dans "La couleur de l'argent" (1986). Les "girl-groups" des sixties (ceux produits par Phil Spector : The Ronettes, The Crystals), les groupes vocaux noirs de doo-wop et rythm'n blues (The Ink Spots, The Channels, The Cleftones...) qui ont été la bande-son de l'adolescence de Scorsese occupent une place de choix. Les crooners chers aux petites frappes (Dean Martin, Frank Sinatra, Sammy Davis Jr) côtoient du jazz "classique" (Ella Fitzgerald, Charlie Parker, Gene Krupa - pas de free-jazz). Et bien entendu, de la variété italienne (Renato Carosone, Orazio Strano, Giuseppe De Stefano)...
Une culture musicale énergique, éclectique et décloisonnée, souvent utilisée dans ses films en contrepoint aux images parfois violentes. Vous en aurez une liste exhaustive, film par film, sur ce site qui m'a largement aidé à écrire ce billet !
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