Chroniques Concerts

Zombie Zombie + NLF3 + Adam Kesher - Belfort La Poudrière 20 Janvier 2009

Posté par : Damien Berdot le 14/02/2009

La Poudrière est à Belfort la seule salle de concert digne de ce nom. Encore est-elle fort petite... Mais cette lacune même est un atout, quand elle limite la distance avec le public à quelques mètres seulement et quand elle facilite à ce point les contacts. Il y a quelques semaines, Rodolphe Burger était de passage ; ce soir, c'est au tour de trois groupes à dominante électro.
 
Le trio francilien NLF3 a déjà de la bouteille : plusieurs albums à son actif et bientôt dix ans de carrière. Cela se sent... Les frères Nicolas et Fabrice Laureau, accompagnés par Jean-Michel Pires, successeur à la batterie de Ludovic Morillon (on devine aisément l'origine du nom du groupe), ont d'ailleurs travaillé avec Yann Tiersen, Luke et Dominique A., entre autres. Ils dirigent également le label Prohibited... Leur musique, à défaut d'être interdite, est d'abord difficile. L'étiquette "post-rock" qu'on lui accole le plus souvent est justifiée. Il faut imaginer une sorte de Tortoise lysergique. Les deux frères bidouillent souvent leurs machines ; Nicolas se lance parfois dans d'étranges incantations et Fabrice se prend à taper comme un dément sur une cloche électronique. Selon les moments, Syd Barrett, Frank Zappa et Steve Reich viennent à l'esprit, sans que jamais l'idiosyncrasie du groupe ne soit menacée. NLF3 ne se cantonne au demeurant pas aux territoires défrichés par la musique occidentale, comme en témoigne son "Aï" ("amour" en japonais), traversé de part en part par un motif rythmique couleur mer de Chine. Un groupe décidément intéressant !
 
Adam Kesher, sextet bordelais ayant emprunté son nom à un personnage cinglé de David Lynch, propose une musique bien plus identifiable : on est la plupart du temps dans le "dance rock" des Klaxons et de Liars. Comme chez ces derniers, les passages les plus synthétiques laissent parfois place à des guitares bruitistes. C'est qu'à l'origine d'Adam Kesher, il y avait deux groupes, dont l'un fan de Sonic Youth et de post punk à la Gang of Four... Rien de particulièrement original, donc (sauf si on ne tient compte que du paysage musical français), mais la performance est sans faille, et Adam Kesher peut compter sur son chanteur à mèche Julien Perez, dont la présence est incontestable, pour chauffer la salle.
 
Zombie Zombie, enfin, est un objet tout aussi curieux que NLF3, moins propre cependant à conserver l'attention du public une heure durant... Il est formé d'Etienne Jaumet (ex-Married Monk) aux claviers et de l'excellent batteur Neman, qui trouve ici, parallèlement à Herman Dune, un emploi tout différent. Le groupe fut formé après que Neman eut été effrayé par les sons que Jaumet tirait de son theramin. Ils se découvrirent vite une passion pour les films d'horreur (d'où "Zombie Zombie"). L'influence du krautrock, en particulier de Neu!, est évidente : sur des espèces de riffs synthétiques squelettiques (dont les sonorités évoquent aussi Suicide), Jaumet déploie des nappes à visée atmosphérique... Parfois retentissent des cris inarticulés... Malheureusement, Zombie Zombie apparaît comme dérèglé en concert, le pôle batterie exerçant un magnétisme trop fort. Le côté "motorik" disparaît ; et on en vient à se demander ce que le groupe apporte par rapport à ses modèles...