Nécros

RUFUS HARLEY (20 mai 1936 - 31 juillet 2006)

Posté par : Hanson le 28/08/2006

Et un de moins! Depuis quelques temps, c'est toute une génération de jazzmen talentueux qui s'en va, parfois en faisant du bruit, comme Elvin Jones, parfois dans l'ignorance la plus totale, comme Takehiro Honda. Rufus Harley a, toute sa vie durant, été reclu dans une certaine obscurité : des disques difficiles a obtenir, dont la majorité n'a jamais été rééditée en Cd, des passages en concert plutôt sporadiques, surtout en Europe, et pour finir, au lieu de retenir l'image d'un musicien original et talentueux, l'Histoire a préféré faire dans le sensationnalisme en véhiculant l'image anecdotique d'un illuminé ayant introduit la cornemuse dans le jazz.

Ayant eu sa grande période entre 1965 et 1972, Rufus Harley avait titillé les genres avec une insolante réussite : jazz modal ("Bagpipe blues", 1966), jazz funk ("Re-Creation of the Gods", 1972), il avait même partagé l'engouement des noirs américains pour un retour aux sources africaines ("King/Queens", 1970). Après une longue période d'absence, certains le pensaient hors du circuit musical. Son tout dernier disque, "Sustain", sorti l'année dernière sur le label français Discograph, a servi de démenti. Les quelques dates françaises programmées pour la fin de l'année permettaient même d'espérer un retour en surface. Mais, c'était sans compter sur ce 31 juillet 2006 ou, contre toute attente, Rufus Harley a "passé la cornemuse à gauche".

Il y a quelques mois, Sefronia avait publié une chronique de "Re-Creation of the Gods", qui, rétrospectivement, résonne un peu comme un hommage prémonitoire. Espérons que les disques de Rufus Harley seront dorénavant réédités pour ne pas engloutir cet homme atypique, au langage musical fleuri, sous les amas de l'effarante production musicale mondiale.