| Chroniques ConcertsElysian Fields - Paris Maroquinerie (2/2) coup de foudrePosté par : Jérôme Florio le 27/10/2005
Salle comble pour les New-Yorkais qui ont livré un concert très solide,
où la qualité de l'interprétation allait de pair avec l'intelligence
(coutumière) ébouriffante des musiciens - l'étiquette "groupe de rock"
est un peu réductrice. Elysian Fields peut donner l'impression de
jouer très down-tempo, provoquer un léger ennui pour ceux pas disposés
à faire plus d'efforts que d'ordinaire, ou tout simplement pas attirés
par l'univers du groupe - vénéneux et poétique, tortueux et traversé de
griffures. La sensualité constamment à fleur de peau de Jennifer
Charles, sorte de Betty Boop à la voix grave, peut agacer certains.
Mais ces gens-là essayent de charger chaque note du maximum de feeling,
de sens, d'émotion, enfin de quelque chose. Et ça marche. Le
groupe était visiblement porté par les vibrations qui émanaient du
public. Fait rarissime, la peu loquace Jennifer Charles a eu envie de
parler au public : elle a demandé aux musiciens d'improviser une jam
sur laquelle elle les a présentés de manière très drôle, improvisant
elle aussi de petites histoires - Thomas Bartlett au piano et claviers
(sacré beau gosse, genre Brad Pitt - sans le côté hygiénique, botoxé et
gonflette), Oren Bloedow à la guitare (et à la basse, car pas de
bassiste, mais vu qu'il est un guitariste exceptionnel il remplissait
parfaitement l'espace), et Roberto di Pietro à la batterie. Le tout en
rythme, hein, avec du "flow", parce qu'on a la classe... la grosse
classe même. Concert terminé dans un souffle, en duo guitare-voix, avec "We're in love". Conclusion ad hoc.
La Phaze - Nancy Jazz PulsationsPosté par : Chtif le 24/10/2005
La Phaze aux NJP (Nancy Jazz Pulsations)
Ce vendredi 21 octobre, la Phaze joue dans la petite salle du Hublot. L’occasion est idéale pour aller s’enfiler une énorme dose d’électricité juste avant la fin des Nancy Jazz Pulsations.
Affluence plus que correcte, majoritairement jeune, et styles variés (punks, baggies, et dreads, les trois fanges se mêlant sans problème) affichent une bonne envie d’en découdre dans la bonne humeur. Missill (sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, une petite bombe en débardeur) ouvre les débats avec un mix hip-hop virant techno puis raga en final qui chauffe l’ambiance sans aucun problème ( "Back in black" d’AC/DC s’invitera même à la séance, mais restera la seule citation rock, Missill ne voulant sans doute pas jouer les 2 Many DJ’s). Missill recueille une belle ovation avant de repartir dans la nuit enchaîner un deuxième set au Magic Mirrors.
Peu de temps après, La Phaze entre en jeu et d’emblée l’ambiance est survoltée. On n’a vu trop de concerts mollassons récemment, genre "je dandine des fesses en reluquant ma montre pour ne pas louper le bus", pour ne pas se réjouir d’une telle motivation. Durant la petite heure et demie que durera le concert, la fosse n’arrêtera pas une seule seconde de bouger, danser, se percuter, slammer : c’est bien simple, on n’avait pas vu ça depuis le Teknival 2002. Tension continue, haute énergie et surtout bonne humeur festive côté public. Côté scène, le show est impeccable : trois agités, des riffs minimalistes 100% punks balancés sur des beats jungles épileptiques aux platines, le tout couronné par des vocaux hip-hop et militants. Impossible de ne pas penser aux Berurier Noir, et c’est quelque part très rassurant. La soirée s’achèvera, littéralement trempée de sueur, après un final de circonstance emprunté aux Clash : "Police on my back" - "I fought the law". Un engagement réel et intelligent, auquel il ne manque pas grand chose pour remporter l’adhésion populaire. Tous les espoirs sont encore permis.
La Mar Enfortuna - Paris La Cigale Octobre 2005Posté par : Jérôme Florio le 20/10/2005
Superbe concert ce soir de "La mar enfortuna", projet parallèle d'Oren
Bloedow et Jennifer Charles d'Elysian Fields. Un cd paru en 2001 les
montrait revisitant le répertoire de musique juive et arabo-andalouse
qui fait partie de leurs racines - mais joué avec la classe de
musiciens new-yorkais.
Ils jouaient ce soir dans le cadre du festival Klezmopolitan, état des lieux de la musique klezmer moderne.
Des
musiciens formidables, d'une qualité peu commune dans les groupes de
rock, loin de ceux qui souvent prennent des poses débiles et arrogantes
en se pensant irrésistibles : ici modestie rime avec excellence
musicale. Un batteur aussi adroit avec ses baguettes qu'à mains nues
(quand tous ont joué une paire de titres dans une formation typique, en
arc-de-cercle autour de Jennifer) ; Ted Reichman à l'accordéon, basse,
claviers ; un autre type à la clarinette, sax, basse et guitare. Oren
Bloedow a montré une palette de guitariste plus grande qu'au sein d'E.
Fields : en électrique ou avec une guitare classique dans un style
espagnol, il a montré l'étendue de son talent. Jennifer Charles
était aussi sensuelle que d'habitude, avec une chaude danse du ventre
avant les rappels - glurps -. Ce soir une seule chanson était en
anglais ("Salomé"), le reste en espagnol ou "ladino". Le set s'est fini
sur une reprise d'Edith Piaf, "Jézébel" (un titre de 1951), chantée en
français - une classe que certains de nos chanteurs nationaux peuvent
envier de très loin.
Setlist approximative : La rosa, Lamma
badah, Quinze anos, A la una yo naci, Yo m'enamori d'un aire 2 autres
traditionnels, Salomé (rappel), Jézébel (rappel)
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