| NécrosTHIERRY HAUPAIS (1952 - 2007)Posté par : Francois Branchon le 01/06/2007
Il venait de la rue de Lorraine, la première adresse de Libé, et après un viron rennais où il avait façonné la scène musicale locale (découvreur-producteur-mentor de Marquis de Sade, et de leur groupie Etienne Daho), Thierry Haupais a connu la reconnaissance quand Richard Branson, le grand manitou de Virgin, lui confia, en même temps qu'à Philippe Constantin et Patrick Zelnick, la création de sa filiale française.
Il s'y éclatera comme n'importe quel électron libre talentueux et provocateur peut rêver le faire lorsqu'on lui donne le pouvoir. Et de 1980 à 1985, Virgin France s'est permis ce luxe jouissif de lui laisser le pouvoir artistique.
Les meilleurs labels anglais signés en distribution, 4AD, Rough Trade, Cherry Red, Factory, Red Flame, Beggars Banquet... et "sa" grande découverte au fond d'une cave parisienne : un garçon gigotant avec sa guitare devant un Revox pendant que se tortillait une fille emmaillotée de sacs Félix Potin. Le duo fut signé sur le champ, car les Rita Mitsouko allaient “forcément marcher un jour !!".
Thierry a fait de Virgin France une référence, qui pouvait à juste titre revendiquer son esprit "rock" et sa domiciliation sur les hauteurs de Belleville, quand toutes les autres boites bourgeoisaient du côté de Neuilly.
"Si c'est bon et si c'est vrai, ça marchera un jour"... Thierry m'aura appris ça, une philosophie de patience, d’intégrité et de jouissance du temps, généralement peu compatible avec les diktats économiques actuels.
Exilé (retraité) à Trouville, Thierry Haupais, bien loin de ruminer l'ingratitude d'un monde qui ne l'avait pas reconnu, s'était replongé dans des délices de jeunesse, l'écriture, politique et philosophique du quotidien. C'est une anémie qui l'a emporté, à 55 ans.
Et tiens, les Rita Mitsouko n'ont même pas envoyé de condoléances...
© François Branchon - Thierry Haupais (à droite) et Daniel Darc (Taxi Girl) à la cuisine de Virgin France, rue de Belleville, en 1984
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