| | | par Sophie Chambon le 06/12/2002
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| Après sa version débridée de l’été, ce "Summertime" ludique, exalté et généreux, Yves Robert modifie son itinéraire de jeu et nous concocte une version lunaire, poétique et intimiste. Il est toujours tromboniste à coulisse, mais il a convié Cyril Atef, le percussionniste amoureux des steel-drums de Trinidad, des tam-tams camerounais, de la soul américaine, qui a l’habitude de jouer avec des violoncellistes appelés Vincent. Cette fois ce n’est pas pas son compère de Bumcello, Vincent Segal mais Vincent Courtois, l’un des instrumentistes les plus engagés dans le domaine des musiques actuelles, toujours prêt à une nouvelle expérience sur le travail du son et de sa texture. Le violoncelle donne une teinte baroque à l’album, cette musique étant souvent rapprochée du jazz pour ses vertus d’improvisation. Cette fois moins volubile, le trombone s’étire voluptueusement, se coule et distille une certaine sensualité, passant du feulement à des respirations plus feutrées. Yves Robert cherche à avoir un discours essentiel sur son instrument en travaillant sur le silence et s’efforce d’obtenir un résultat fluide où rien ne serait gratuit. Loin de tout académisme, le trio se nourrit des musiques glanées dans un espace ouvert aux "quatre vents" qui glisse d’une certaine rhétorique baroque à des accents plus orientaux. On entend ici la quintessence du souffle plus que l’expression habituelle des instruments. Les compositions, subtilement intégrées aux improvisations révèlent, pendant 48 minutes exactement, un programme dédié à la tendresse. C’est le thème principal de l’album que déclinent amoureusement les deux instruments complices, violoncelle et trombone "succédanés de la parole masculine" comme le souligne Yves Robert lui-même. La rythmique est claire et précise, devenant à son tour "un chant à part entière". Il s’agit d’écouter cet album en ayant conscience que le temps est véritablement musical. Obscur objet du désir, étirement progressif vers le plaisir, on est véritablement dans de beaux draps !
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