Les Young Marble Giants sont le groupe idéal pour les nuls en maths : vous allez voir, ce n'est pas la peine de savoir compter jusqu'à plus de 3. Le groupe est formé à Cardiff en 1979, par Stuart Moxham (guitares et claviers), son frangin Phil (basse) et Alison Statton (chant). Ils enregistrent un disque ("Colossal youth", Rough Trade, 1980), font dans la foulée une tournée de quelques dates en Europe et aux USA (où a été enregistré ce live au "Hurrah club" de New-York), puis splittent. C'est tout. Et depuis, de façon pas très capitaliste, leur influence demeure inversement proportionnelle à leur productivité.
La musique des Young Marble Giants persiste ainsi dans le temps, car elle est indémodable : très peu arrangée, elle a une allure de classique instantané. De la pop simplifiée à l'extrême, juste l'algèbre de base : une guitare rythmique qui tourne en boucle deux accords de quinte, une basse métronomique, du synthé joué à deux doigts, une pauvre boîte à rythmes, et au-devant la voix douce et imperturbable, distanciée, d'Alison Statton - mais tout ça pas en même temps. Le contraste est déstabilisant, à la fois fragile et intransigeant, définitif : en déconstruisant complètement l'artifice de la technique (esprit punk ?), on est immédiatement au cœur des chansons, on en touche l'essence. Cette concentration extrême, très ramassée est une décharge presque violente (étrangement, je pense à l'extrême opposé aux productions de Phil Spector) : on a le choix entre se laisser bercer par la voix de Statton, ou monter le son et se taper la tête contre les murs ("Colossal youth", "Salad days"), la durée des morceaux dépassant rarement la cime des 2'30. D'ailleurs, à l'écoute de "N.I.T.A", "Credit in the straight world", on en viendrait presque à trouver le dernier PJ Harvey surproduit et wagnérien.
Ce live se destine en priorité à ceux qui veulent étoffer leur maigre discographie des YMG, pour les autres, ce sera sans hésiter "Colossal youth".
