| | | par Sophie Chambon le 21/04/2008
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| Lors d'une précédente livraison de la Huit, le réalisateur Jacques Goldstein s'était attaché à suivre le Golden Quartet de Wadada Leo Smith en 2005, en le filmant de façon "classique", dans un beau noir et blanc, avec une grande précision et au plus près de chacun des musiciens. Jérôme de Missolz donne lui un autre échantillon contrasté des approches de cinéastes qui ont choisi la musique comme vrai sujet d'étude, proposant des solutions radicalement différentes qui tentent de s'adapter aux musiques en jeu.
Dans le spectacle des Yohimbe Brothers (nouvelle formation de Vernon Reid, ex-Living Colour), des effets graphiques et visuels incessants viennent se superposer à la représentation du concert, masquant le caractère réel de la performance. C'est un vrai film d'animation qui nous est montré autour de la musique du groupe. Le VJ'ing de Mathieu Foldes impose ses coups de palette, ses kaleidoscopes chamarrés et psychédéliques. Ce travail audacieux, proprement vertigineux occupe en premier toute notre attention. La musique souligne les effets visuels de la guitare de Vernon Reid, formidablement présent, affublé d'un drôle de chapeau péruvien.
Enregistré au Festival Banlieues Bleues de Bobigny en 2005, ce concert avec la chanteuse Latasha Diggs, et le turntablist new-yorkais DJ Logic nous entraîne dans ce qui est supposé être une vision moderne d'un spectacle musical. Chaque titre se transforme en un tableau vivant : l'effet est frappant mais quelque peu intoxicant. On en arrive à être parasité par ce déluge de couleurs et de formes. Cette réflexion autour des rapports entre l'image et la musique est néanmoins passionnante. Car que privilégie-t-on au juste ? Ne s'efforce-t-on pas de rendre la musique visuelle et de traiter à part égale les différentes disciplines artistiques ? C'est le par(t)i pris ici par Jérôme de Missolz et avouons-le cela correspond bien visuellement à l'engagement des Yohimbe brothers dans leur musique fusion, à la croisée du rap et du funk. |
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