En 1940, Woody Guthrie alors au tout début de sa carrière (il a 28 ans et vient de publier les "Dust bowl ballads") reçoit commande de la musique d'un film consacré au chantier de la Columbia River. Là-bas, depuis le milieu des années trente, les Usa font trimer des milliers d'ouvriers à la construction d'énormes barrages. Et comme sur d'autres gigantesques chantiers de ces années-là (les constructions de lignes de chemins de fer par exemple), beaucoup de ces hommes y laissèrent leur vie.
Sur cette réédition figurent les trois quarts des morceaux qu'il composa à cette occasion. Chansons réalistes, quasi-documentaires, simplement soulignées par sa guitare sèche, sa fameuse guitare où s'affichait en toutes lettres "This machine kills fascists". Quelques merveilles : "Roll on Columbia", "Hard travelling", "Jack Hammer blues", le poignant "Song of the Coulee Dam" et "Washington Coulee blues" (calqué par Dylan vingt ans plus tard). Une qualité sonore très moyenne, mais cela n'a guère d'importance.
Woody Guthrie, père musical spirituel de la gauche américaine, est plus que jamais d'actualité.