Heartcore

Wildbirds & Peacedrums

par Jérôme Florio le 27/06/2008

Note: 7.7    

On est presque étonnés d'apprendre que Wildbirds & Peacedrums est un duo suédois. Le dialogue entre la voix étonnante, que l'on jurerait afro-américaine, de Mariam Wallentin et la batterie de Andreas Werliin crée un monde coloré : même avec si peu d'éléments, on se croirait dans une toile du Douanier Rousseau, un genre de pop de la jungle.

Dans cette musique presque uniquement percussive, l'instrument mélodique principal est la voix. On pense au jazz américain, et particulièrement à "We insist ! Max Roach's freedom now suite" (1960) du batteur Max Roach avec Abbey Lincoln, dont le chant rageur rendait palpable la lutte pour les droits civiques des noirs américains. Il y a toutefois une différence majeure : aucun contexte politique chez Wildbirds & Peacedrums. La ressemblance stylistique est néanmoins frappante sur le titre "Bird". Mariam Wallentin a l'aisance vocale qui lui permet de hurler, caresser, grogner, pour donner vie aux compositions du groupe : "Heartcore" est assez brut dans sa conception, mais également zen (touches de glockenspiel, cithare, guitare électrique translucide sur le doux "I can't tell in his eyes"). Le bestiaire païen un peu baba de Natasha Khan (Bat for lashes) affleure sur un "The battle in water" presque hors sujet, duo entre Mariam et Andreas à l'érotisme feutré vraiment très proche de Elysian Fields. Wildbirds & Peacedrums paie sans doute son écot à Björk pour avoir contribué à libérer la voix dans la pop, mais le groupe est franchement du côté des musiques noires (la scène jazz est très vivace en suède), jusqu'au funk minimal des New-yorkaises ESG sur un "Doubt/Hope" qui renvoie loin dans les cordes – les fils ? – notre chanteuse Camille.

Bien que "Heartcore" traîne un peu en longueur, Wilbirds & Peacedrums propose une fusion réussie entre jazz et pop, le tout travaillé au corps par des percussions et l'obsession du rythme.


WILDBIRDS & PEACEDRUMS Doubt/Hope (Live 2008)