"The healing game" qui parait
en 1997 est un retour aux albums les plus personnels de la (très)
longue carrière de Van Morrison après une période assez longue de
productions assez anodines, presque grand public et sans relief.
Morrison effectue ici un retour dense et profond vers ces contrées
de jazz et de rhythm & blues de ses débuts, quand il publiait
les uns à la suite des autres des albums parfaits de la première à
la dernière note, "Astral weeks" (1968), "Moondance"
et "His band and the street choir" (1970), "Tupelo
honey" (1971), "St Dominic's preview" (1972).
Pour ce retour, Van l'Irlandais se
donne les moyens, forme un nouveau groupe d'une vingtaine de
pointures autour de deux repères, Pee Wee Ellis (ancien saxophoniste
de James Brown) aux cuivres et aux arrangements et Georgie Fame (l'ex
claviers des Animals devenu chanteur et pianiste jazz) aux vocaux et
à l'orgue Hammond.
Comme chaque grand Morrison, "The healing game"
est une aventure qui enveloppe puis happe, des morceaux intimistes au
départ, piano et contrebasse tout en suggestions, une voix qui
frôle, suave et éraillée, puis qui à l'unisson de tous les
instruments va monter, grossir, pour gronder et éructer, cracher son
âme, et laisser place à des solos aériens gavés de spiritualité
("Sometimes we cry").
Cette réédition a la particularité
d'offrir le nombre conséquent de vingt bonus (pour dix sur l'album
originel) ainsi qu'un concert à Montreux pour la promo de l'album en
juillet 1997. Ces bonus, issus des mêmes sessions d'enregistrement,
donc aussi bien arrangés et produits, permettent d'entendre des
reprises ("Mule skinner blues" de Jimmie Rodgers, "A
kiss to build a dream on" (d'Armstrong), mais surtout des
collaborations avec des amis de passage, Lonnie Donegan, l'ami des
débuts (autre version joyeusement rockabilly de "Mule skinner
blues"), John Lee Hooker pour deux grands moments, le mémorable
de subtilité "Don't look back" (que l'on retrouvera sur
l'album de Hooker du même nom) et une version à deux de "The
healing game", et puis le plus inattendu Carl Perkins, avec qui
Van tape le rock&roll sur deux morceaux de ses morceaux, "Boppin'
the blues" et "Matchbox", un écrit ensemble, "My
angel" et deux reprises, "Sittin' on top of the world"
et "All by myself" de Fats Domino.
Cette réédition de "The healing
game" coche toutes les cases de ce qu'une réédition se doit
d'être : un album original en soi hors-normes, une production des
plus soignées et des bonus riches en morceaux apportant réellement
un plus. Et un concert de Van the Man en cerise sur le gâteau.
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VAN MORRISON & JOHN LEE HOOKER Don't look back (Clip officiel 1997)