| | | par Alexandre Leroy le 03/05/2002
| Morceaux qui Tuent De pauvres riches Teste ta compréhension Pollutions
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| Ceci n'est pas un disque. Tout est dit. Si 'ceci' n'est pas un disque, il faut alors essayer de savoir ce que 'ceci' peut bien être : un petit cercle de plastique de 11.8 cm de diamètre, percé en son centre, assez difficile à casser, non comestible par l'homme, ni même pour toute autre espèce animale. Placé dans un lecteur Cd, 'ceci' émet des sonorités, des sonorités plus qu'étranges d'ailleurs : des voix humaines (ça y ressemble en tout cas), des rires, des extraits de films et enfin, le mot est lâché : TTC. 'Ceci' semble être le premier album du groupe le plus déjanté et certainement le plus créatif de la scène hip-hop française. Après quelques expériences complémentaires, on est définitivement fixé, 'ceci' est bien la première aventure discographique du groupe composé de Tido Berman, Cuizinier et Teki Latex, signé sur le label anglais Big Dada. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un album novateur. Novateur par la place qu'il accorde aux textes, véritables petits bijoux qui témoignent d'une totale maîtrise des mots. Riches, comme dans "Teste ta compréhension", bref morceau bourré de 'T' et de 'C', ils ne connaissent aucune limite. Le délire est permanent et sans bornes, TTC pratique une sorte d'écriture automatique dont le résultat, surréaliste, se nomme la 'nonscience' : la 'science du non-sens / contraire de la conscience / connaissance de l'inconscient' (on suit au fond ?). Aucune limite dans le gore non plus ("Reconstitution"), quand les trois Mc se mettent dans la peau d'un malade psychopathe se souvenant de sa soirée, à grands renforts de détails bien entendu (ce qui colle bien avec la voix de Teki Latex, aiguë et haut perchée, signe extérieur d'une folie proche). Sans oublier l'humour, omniprésent, réaliste et corrosif ("De pauvres riches", excellente parodie desjeunes bourgeois adoptant une attitude de lascar car c'est 'tellement chic de ne pas avoir de fric'). Tout ce discours décalé et anticonformiste est soutenu par des productions elles aussi originales qui peuvent heurter la sensibilité de quelques-uns, oubliez Dj Premier, Pete Rock ou Dr. Dre, ici on est dans le monde du beat déstructuré, qui se barre en couilles dès les premières mesures. Un son futuriste, souvent électro, parfois difficilement supportable ("Je ne porte pas d'armure"), qui nécessite une petite période d'adaptation mais parfaitement adapté au style loufoque et étrange du groupe. Quelquefois accompagné par d'autres artistes de cette même scène underground décalée (La Caution, James Delleck), TTC parvient à renouveler le hip-hop français en réussissant un tour de force : être original mais pas élitiste. |
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