| | | par Sophie Chambon le 26/05/2001
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| La jaquette est noire, le livret est noir, seul le saxophoniste leader est blond, peroxydé tout de même. Le premier titre "Sorrows" nous prend à la gorge : il s'agit bien de suivre la voix intérieure, de se fondre dans ces "Different rivers" qui dérivent lentement jusqu'à la destination finale. On l'aura compris, rien ne paraît plus austère que cette musique de fanfare. Il y aura toujours une certaine malédiction dans les royaumes scandinaves. Le label ECM continue à s'illustrer dans une certaine tonalité étale, avec une qualité du silence toute contemplative. Une recherche épurée d'un son spécifique, parfait. Les sobres duos de sax-trompette introduisent un vibrato poignant "For Edward" en hommage au batteur Edward Vesala disparu en 1999. Une ambiance tristement planante dans cette succession de morceaux structurés et mélodiques, où même les valses sont tristement intouchables. La transe est parfois si subtile que l'on demeure loin de la fascination à l'écoute de tous ces musiciens. Car ils sont très nombreux à participer à l'entreprise de démolition du souffle, où tous les instruments sont acoustiques et la plupart à vent. La batterie si discrète parvient à se faire oublier. C'est dire l'impact de cette méditation. Peut-être que Trygve Seim, le leader, va plus loin que le jazz avec son intérêt pour la musique orientale dans certains titres "Bhavana", ou "Between", qu'il sait utiliser la modernité de l'électronique en remontant en studio deux enregistrements d'instrumentations différentes, mais cette pause à laquelle il nous convie, nous plonge dans une mélancolie insurmontable. |
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