| | | par Jérôme Florio le 03/03/2006
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| Pour son premier disque sur Fat Cat, Tom Brosseau collecte des chansons de sa jeune discographie, confuse (deux "véritables" disques de 2002 à 2005) et éparpillée sur divers labels. Ces titres enregistrés à San Diego, Poway puis Los Angeles n'en forment pas moins un ensemble cohérent : Brosseau est chez lui où qu'il se pose, repeint le décor à la couleur de son songwriting serein et délicat, d'une grande pureté de trait.
Tom Brosseau est né dans le froid Dakota du Nord, près de la frontière canadienne, dans une famille de musiciens. Il grandit au son de Bob Dylan, Leadbelly, Pablo Casals... Il fuit ses études de musicologie pire que Dracula devant un bénitier, commence à se produire dans sa ville de Grand Forks, et se laisse porter par des rencontres qui l'amènent à changer souvent de ville. Un peu le même itinéraire que Josh Rouse, une certaine délicatesse en commun, avec chez Brosseau une sensibilité country-folk plus traditionnelle.
Dans la bio que l'on peut lire sur la page de son label, il ne faut que six lignes pour tomber sur le nom de Jeff Buckley : on pense en effet à celui dénudé et recueilli de "Lilac wine" ou "Hallelujah" (sur "Bars" notamment, à la guitare électrique chargée d'écho), grâce à cette voix agile et haut perchée, qui brouille la barrière des genres féminin et masculin. Ou encore à Tom McRae, en moins geignard.
Pas d'envolées dionysiaques ici, une humeur égale ultrasensible et détachée. Brosseau convainc autant quand il chante sans filet, guitare-voix ou avec à peine un harmonium ("Fragile mind", "Everybody knows empty houses are lonely"), dans un style plus Dylanien ("Dark garage"), ou aux frontières du rock avec une section rythmique ("Hurt to try").
Et quand il est accompagné au chant par Angela Correa sur "The broken ukulele", c'est pour de la country épurée, simple et belle ; on croise l'esprit de Hank Williams, voire Billie Holiday, comme autant de courants d'air qui traverseraient une maison sombre et vide, mais aux fenêtres grandes ouvertes. L'écriture de Tom Brosseau y brille discrètement comme la flamme vacillante d'une bougie. Maintenant qu'il semble avoir trouvé une stabilité à Los Angeles, on espère que Brosseau enregistrera des disques plus construits, qui dépasseront les déjà belles promesses de ce "Empty houses are lonely". |
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