Pohlitz

Thomas Strønen

par Hugo Catherine le 24/05/2006

Note: 5.0    

"Pohlitz" est le premier album solo de Thomas Stronen. Certains y ont entendu une création géniale en forme de disque de batteur sans batterie. L'utilisation de la rondeur sonore du gamelan est évidemment chose rare de ce côté-ci du globe. Pourtant, le disque, apprécié à juste titre par certains, restera ennuyeux pour beaucoup. Si le projet du percussionniste est ambitieux, son exécution n'en est pas moins frileuse.

Dans sa transe de clochettes, Thomas Stronen propose un flot continu de grelots à n'en plus finir. Ses références multiples à la chimie, "Heterogeneous pursuits", "Lavoisier", "E…quilibrium" ou encore "Interacting massive particles", font de Thomas Stronen un laborantin sonore des gaz et des fluides. De fait, ses rythmes décousus se composent d'une alternance infinie de gongs, parfois hésitants, souvent tranchants. Cette matière assez brute, cette petite cuisine, constitue d'ailleurs l'intérêt principal de "Pohlitz". Le choix du matériau sonore est ici plutôt structurant.

"Pohlitz" est avant tout, et presque uniquement, percussif. La rusticité des peaux est certes remplacée par la simplicité répétitive des casseroles mais les instruments frappés restent tout à fait à l'honneur. Notons que les morceaux percussifs de Thomas Stronen sont tout de même ponctués d'alarmes bizarroïdes, de bruits de scies soudaines ou encore de quelques mélodies sporadiques, le tout soutenu de temps en temps par quelques basses.

Thomas Stronen procède par enchaînement de plans rythmiques. Le dernier morceau, "Natural history of creation", d'une durée de plus de huit minutes, est une montée en puissance binaire, mécanique, carrée mais difficilement passionnante. Les créations de Thomas Stronen peuvent ainsi s'avérer un peu courtes. Il veut nous faire rêver dans un monde merveilleux de clochettes. Hormis quelques passages un peu convaincants, nous pensons plus à un strict laisser-aller de ding, deng, dong.