Les Suisses n'ont peur de rien, après
Nostromo et avant Underschool Element, The Young Gods délaissent eux
aussi les saturations électriques pour s'offrir des sessions
acoustiques et un "Knock on wood" dénué de machines et
revenant jusqu'à 20 ans en arrière ! Et comme ce best of sans
bricolage est accompagné d'une tournée, revenir aux bases du rock
n'est pas simplement une passade pour le trio. Et bien qu'ils soient
connus pour leur apport, phénoménal, au monde de la musique
industrielle, leurs titres et l'ambiance qu'ils délivrent ici ne
surprennent pas, les Young Gods sont à l'aise avec l'acoustique et
ça fonctionne, une preuve de plus, s'il en fallait, que des bons
morceaux peuvent être joués de plusieurs façons sans perdre de
leurs qualités.
Les notes claires des guitares remplacent
quelques bidouillages samplés ce qui donne beaucoup de chaleur à
des compositions qui pouvaient être considérées comme froides
voire abruptes (pour certaines) lors de leur sortie
électrico-électronique. Les mouvements et les mélodies sont
imparables, les rythmes semblent doux, même quand ils sont rapides
et l'ensemble est d'une incroyable limpidité, y compris là où les
Helvètes aimaient mettre plusieurs couches de sons pour brouiller
les pistes...
Aux titres personnels, les Gods ont ajouté
trois reprises dont une qu'ils connaissent bien, "Speak low"
qui était déjà présente sur "Play Kurt Weill", les deux
autres sont tout à fait dans l'esprit de l'ensemble : le tube "Ghost
rider" de Suicide parce que c'est un des groupes qui les a
influencé (à noter que le Rollins Band ou R.E.M. ont aussi payé
leur tribut au duo américain avec ce morceau) et "Freedom"
de Richie Havens qui est fait pour être joué sans trop
d'électricité (et qui pour le coup mériterait peut-être une
reprise électronique...). Pour le reste du track-listing, c'est leur
cultissime album "T.V. sky" qui s'octroie la part du roi
avec quatre extraits ("Our house", "Gasoline man",
"She rains" et "Skinflowers") devant le récent
"Super ready / Fragmenté" ("I'm the drug" et
"Everythere") et le pionnier "L'Eau rouge"
("Charlotte", "Longue route"). Aucun titre du
tout premier album (même pas "Toi du monde"), ni de "Only
heaven" ("Donnez les esprits"), pas plus de "Second
Nature" ("Lucidogen" ou "Supersonic"
sont-ils trop chargés en électricité ?) mais il ne faudrait
pas abuser non plus... ou alors réclamer une suite ?
THE YOUNG GODS Gardez les esprits/Ghost rider (Live Swiss Institute New York 2007)