Morceaux qui Tuent Crystalised Night time Shelter Infinity
Un énorme X en guise de couverture sonnant comme une interdiction. Cet album qu'on pourrait croire vendu sous le manteau n'a pourtant rien de pornographique mais la dose de sensualité qu'il renferme est telle, que la censure pourrait s'inquiéter des conséquences sur les auditeurs d'un disque objet de toutes les passions, aussi bien critiques que publiques.
L'échafaudage XX repose sur l'échange vocal et bancal entre Romy Madly Croft et son alter ego masculin Oliver Sim et possède la force et la tension des deux poings de Robert Mitchum dans "La nuit du chasseur". Entre compromis, incompréhension et passion, les deux voix sont comme les deux pôles d'un aimant qui à tour de rôle s'attirent et se repoussent. Elles hantent une musique glacée ne se réclamant d'aucune influence mais qui tient autant de la new wave crépusculaire des Cure, de la pop minimaliste des Young Marble Giants, du blues sous perfusion de Chris Isaak ou de la british soul mélancolique d'Everything but the Girl.
On reste étonné par la maturité de ces jeunes musiciens - vingt ans de moyenne d'âge - et leur faculté d'écrire des chansons simples, belles, caressantes et étouffantes comme des étreintes mal contrôlées par la force du désir. Dans l'espace de cet album, on guette la faiblesse, en vain. The XX réhabilite la langueur et l'indolence et il faut accepter de se laisser couler dans les méandres de cet univers en clair-obscur à la mélancolie infinie.