| | | par Chtif le 06/07/2004
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| Petite séance de rattrapage pour ceux qui ignorent encore que les Who ont toujours été les plus grands, avec ce dernier "best of" qui espère remettre les pendules à l'heure à grand coup de sticker "Behind blue eyes" sur le boîtier.
Sur cette énième compilation, on retrouvera donc l'originale non amputée cette fois par des bouseux en short (Limp Bizkit, pour les moins de 15 ans) de son grand final "freak out".
A ses côtés, un survol chronologique de la carrière de ces déglingués absolus, depuis les débuts à singles, les souvenirs d'adolescence timide sur "I can't explain", la colère fédératrice de "My generation", jusqu'à la fin en roue libre dont on pourra, il faut bien en convenir, se foutre royalement. Trop de folie, de mégalomanie, de destruction et de substances sont passées par là entre temps. Le batteur Keith Moon, ange crucifié sur l'autel de tous les excès, y aura laissé sa peau, le guitariste-leader Pete Townshend, son génie.
Car il en fallait, du génie, pour maintenir à flots cet équipage miné par les conflits de pouvoir tout en se permettant certaines des innovations les plus cruciales du rock. Personne avant Townshend n'aurait osé le sacrilège grandiloquent de "l'opéra-rock" "Tommy" en 1969. Personne d'autre non plus n'avait imaginé introduire les rythmes synthétiques au sein d'un déluge de
guitares saturées, sur "Who's next" en 1971, ouvrant la porte à des décennies de délires technoïdes
Les Who ont conquis le monde à coups de riffs barbelés façon Kinks, de vicieuses harmonies faisant la nique aux Beatles, et de prestations scéniques dévastatrices. Si cette nouvelle livraison offre un bon aperçu du phénomène, on ne peut toutefois s'empêcher de regretter l'absence de morceaux légendaires, sacrifiés au nom du radiophoniquement correct, et
sans lesquels on ne peut mesurer le degré d'atteinte mentale de nos quatre lascars. Il aurait fallut les entendre glorifier la masturbation ("Pictures of Lily", "Mary-Ann with the shaky hand"), virer parano sur "Boris the spider", ou donner des amphets à la fanfare du village ("Cobwebs and strange") pour voir l'étendue des dégâts. Sur "A quick one, while he's away", Townshend se prenait carrément pour Dieu le père en offrant l'absolution générale, comme on paie sa tournée au bar: "You're all forgiven !".
Car ce ne sont pas les deux inédits, "Old red wine", pas vraiment un grand cru, et "Real good looking boy", vague variation sur le thème de "Can't help falling in love" d'Elvis Presley, qui vont nous consoler. Mais bon, vous savez ce que c'est ma pauv' dame, il faut bien appâter le troupeau de fans...
Restent deux possibilités, donc : se procurer disons les six premiers albums des Who (y compris et surtout le "Live at Leeds" de 1970), ou bien prier pour qu'un jour les gars du label Rhino Records se penchent sur leur cas
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