| | | par Jérôme Florio le 29/06/2005
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| Dès les premières mesures de "Intro", Matthew Langlois dévoile son projet : "do you think you're getting closer to the middle of your heart ?". Tenter de toucher l'auditeur avec des histoires sensibles et un folk-rock bien calibré, qui porte la marque clean et ensoleillée du soleil californien natif du Vermont boisé et montagneux, c'est à San Francisco que Langlois a choisi de s'installer après le lycée.
L'écriture de Matt Langlois se situe dans la tradition des "singers-songwriters", depuis Bob Dylan jusqu'aux jeunes pousses comme Connor Oberst (Bright Eyes), qui s'était engagé dans la tournée "Vote for change" (aux côtés de Bruce Springsteen, REM
) lors de la dernière campagne présidentielle américaine. Langlois laboure les mêmes sillons en intitulant son deuxième disque "Empire days" : des impressions sur la vie dans l'Amérique d'aujourd'hui, comme si la situation politique avait inexorablement débordé sur l'intime. Régulièrement, les politiciens sont épinglés ("Obstacle course", "Empire days" jouée "protest-song" acoustique), les leaders de la nation apostrophés ("When we sleep"). Mais cela reste bien soft : Matt Langlois n'a ni l'amplitude d'un Springsteen, ni l'énergie romantique et juvénile d'Oberst. Il sait écrire des mini-tubes bien balancés qui tirent vers le rock indé où les guitares sont en avant : "Obstacle course", l'efficace "In San Francisco" qui fait guincher des Go-Betweens en goguette sur le Golden Gate. Dans un versant down-tempo, l'harmonica et les inflexions vocales de "110 %" font penser à Dylan, "Chocolate shooting star" est convaincante avec son riff acoustique et des gouttelettes de piano. On flirte constamment avec de l'americana qui séduit avec facilité ("Love you too much ?", sur laquelle une jeune fille donne la répartie) : un côté rond et inoffensif qui n'est pas sans rappeler Josh Rouse.
Les courts intermèdes intitulés "A rise and a fall" découpent "Empire days" en trois parties. Sur la fin du disque, la métaphore alourdit le propos et enlève de sa spontanéité à cette collection de chansons assez solide - seules la pataude "What are we going to do ?" et "Singer song lover" (qui démarre bien mais son envolée lyrique à la Jeff Buckley la fusille en plein vol) pêchent quelque peu. Enregistré rapidement, finalisé avec le concours de la famille et des amis, "Empire days" révèle en Matt Langlois un auteur habile, mais qui manque de singularité. |
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