| | | par Jérôme Florio le 07/02/2008
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| John K. Samson est du genre perfectionniste : le groupe canadien a mis quatre ans à sortir ce nouveau disque (leur précédent "Reconstruction site" date de 2003). "Reunion tour" a été majoritairement enregistré de nuit, à Winnipeg, à l'heure où les gens sont rentrés chez eux après la journée de travail ceux dont parle Samson dans ses chansons.
"Civil twilight" démarre sur les chapeaux de roue, avec ses claviers faussement lo-fi à la Grandaddy. Couplet solidement amarré par le batteur Jason Tait, refrain avec guitares qui montent en première ligne en rang serré : de l'excellente indie-pop accrocheuse, pour une histoire d'amour perdu. Elle est a beau être ancrée dans le quotidien d'un chauffeur de bus, son traitement est peu banal : la solidité de "Reunion tour" repose en grande partie sur le talent de storyteller de Samson, capable de planter une histoire en quelques lignes, avec des détails qui font mouche comme dans une nouvelle de Raymond Carver. L'utilisation d'images cinglantes, qui fixent une sensation fugace, rend les textes encore plus proche de poèmes.
Les Weakerthans ordonnent stratégiquement accélérations et mid-tempo, une succession traditionnelle mais plus variée qu'il n'y paraît : les arrangements peu coutumiers de flûtes de "Reunion tour", ou les motifs de banjo et de slide-guitar sur "Elegy for Gump Worsley" - que l'on aurait aimé voir durer davantage. "Hymn of the medical oddity" et son arpège à la "Blackbird" (Beatles) marque un peu le pas, mais "Tournament of hearts" (avec pour décor un tournoi de curling !) et "Relative surplus value" (accords nerveux, rythmique intraitable) relancent à chaque fois efficacement la machine.
Pas ramenard, "Reunion tour" s'impose lentement mais sûrement. Ses qualités ne doivent rien à la mode du jour : les Weakerthans sont emmenés par un leader cultivé, que la musique toute en tons mats et pleins supporte sans faiblir. Les amateurs du dernier disque d'Okkervil River ("The stage names") devraient apprécier. |
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