| | | par Francois Branchon le 01/09/1998
| Morceaux qui Tuent Love minus zero, no limit
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| La première fois que l'on écoute les Walker Brothers, on ne sait s'il faut rire ou pleurer ! Des arrangements excessifs, très Spectoriens, dont l'emphase frise parfois le ridicule, des reprises de Burt Bacharach, un rhythm and blues délavé, une musique à l'apparence aseptisée, calibrée pour la frange docile (majoritaire) de la jeunesse du début des années soixante. Mais quelque chose ne colle pas dans ce tableau trop idyllique : Scott Walker lui-même ! Un vrai souffle, une voix terriblement séduisante, un homme à l'esprit rebelle aussi, esprit non-conformiste. Lorsque sort "Take it easy", ce premier album en 1964, les Walker Bothers sont déjà d'énormes stars. A force d'exploitation forcenée par le show-biz anglais, Scott Walker dissous le groupe dès 1967 (même si des disques contractuellement dus sortiront jusqu'en 1970) et à l'heure où toute l'Angleterre pop plonge dans l'électricité et le psychédélisme des guitares, il choisira d'interpréter Brel avec un orchestre symphonique ! Depuis ce choix iconoclaste, sa carrière solo ressemble aux dents d'une scie, plus souvent en bas qu'en haut avec tout de même un chef d'uvre, "No regrets" en 1975, lors d'une reformation sans suite des Brothers (pas frères du tout en réalité). S'il est un mythe vivant pour certains (Marc Almond, Neil Hannon de Divine Comedy) et sait se trouver quelques amis sûrs (Brian Eno, David Sylvian ou feu Roy Orbison), sa carrière est par ici totalement confidentielle et mésestimée. Pour entendre les Walker Brothers, on ne disposait que de compilations, toujours moyennes. On a désormais sous la main le début intégral de leur carrière, alors que le groupe se sent encore concerné. Les trois premiers albums (celui-ci + "Portrait" + "Images") sont aujourd'hui proprement remastérisés, avec l'excellente idée d'y adjoindre tous les titres sortis alors uniquement en singles ou EP. "Take it easy" passe ainsi de douze à vingt titres. Des lot de perles ou de reprises et ici notre petit préféré : la fondante reprise de "Love minus zero, no limit" de Bob Dylan. |
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