Morceaux qui Tuent To the kill Add it up Confessions
Le post-punk est
un terme biaisé. Apparu à la fin des années 1970, il a rapidement servi à étiqueter
n’importe quel groupe rock indépendant ou expérimental de la décennie suivante ;
il désigne en fait une notion vague et fourre-tout. Pourtant, l’appellation se
justifie pleinement pour le premier disque des Violent Femmes. Celui-ci est
bien une continuité de la « doctrine » punk, mais aussi une forme de
dépassement par le métissage avec d’autres genres et influences.
Originaire du
Wisconsin, le trio mené par Gordon Gano se démarque en ramenant une énergie
viscérale dans ce bouillonnement d’idées qu’est le début des eighties. Le punk
est brutalement réanimé grâce aux électrochocs des hymnes adolescents enflammés
de Gano et des montées d’adrénaline enfiévrées et rythmées de ses compositions.
Étonnamment, la
musique de "Violent Femmes" est minimaliste : elle repose bien souvent sur
une base rythmique simple portée par la basse acoustique de Brian Ritchie. Mais
quelle basse ! Profonde, limpide, fantaisiste et entêtante,elle intègre
des sonorités folk du début des sixties à la rhétorique punk du groupe avec une
grâce toute naturelle, conférant d’emblée aux morceaux une originalité qui fait
mouche.
Ecouter le
premier Violent Femmes, c’est se replonger dans ces chansons percutantes aux
mélodies pop irrésistibles (et ce dès "Blister in the sun", porte d’entrée
parfaite dans l’univers du groupe). C’est se prendre en pleine face des solos
de basse discordants mais terriblement savoureux (sur "To the kill" en
particulier, pièce la plus expérimentale mais aussi la plus envoûtante de l’album).
C’est aussi entendre un xylophone au beau milieu d’une virée punk ("Gone daddy gone"), se laisser charmer par un faux reggae ("Please do not go") et finir sur une
ballade étrangement douce, empreinte d’un beau son de violon ("Good feeling").
Aussi attachante
qu’espiègle, la musique des Violent Femmes ne dépassera plus le sommet qu’elle
avait franchi avec le premier album éponyme, malgré les très bons moments des disques
suivants qui explorent d’autres genres (notamment la country sur "Hallowed ground" en 1984). Plus tard, Gordon Gano
produira les premiers Louise Attaque, héritier direct en moins génial du style
des Violent Femmes.
PS : la version Cd de "Violent Femmes" prolonge le plaisir avec deux titres bonus, le léger "Ugly" et surtout "Gimme the car", brûlot rock de cinq minutes.
VIOLENT FEMMES "Blister in the sun" (Audio seul 1983)