| | | par Sophie Chambon le 20/05/2005
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| Un trio élégant, encore méconnu, en recherche d'une musique qui respire, atmosphérique et fluide. Il n'en faut pas plus pour que, dès les premières notes du préambule "Neige grave", le charme opère. Un jazz contemporain, intimiste qui n'a pas peur de la mélodie ni de l'harmonie, qui déroule une histoire construite, une toile tissée et tramée dans une tonalité cristalline et tendre. Et on se laisse conduire dans cet arrière-pays, fluctuant et inconnu, avec le lancinant "Psalmba", ou le mélancolique "Florès".
A la confluence de toutes les musiques qui respirent en lui, le pianiste Christopher Culpo, américain nourri de classique, a fait le lien avec le jazz, une fois installé en France, unissant une véritable expérience des deux univers, l'impressionnisme étant toujours une référence pour les musiciens de jazz, le langage harmonique étant le même. On passe de moments de plus intense méditation, "Paper doves", à ceux où une énergie plus intense entraîne, "Enveiling and unveiling", le crescendo d'une "Danse des sept voiles". Pourtant, l'instrumentarium ne comporte aucune batterie, mais "la section rythmique" de remplacement est superlative, avec le corps de cette contrebasse que Peter Herbert sait faire vibrer rondement.
L'écriture collective de Culpo-Richard-Herbert, chacun compositeur-interprète, incorpore avec succès des éléments de diverses traditions musicales dans une fusion saisissante.
Ainsi, les onze compositions originales de Love and bananas are here peuvent évoluer d'une stricte rigueur à une forme résolument plus libre. Et l'ensemble s'enchaîne sans le moindre heurt, avec une délicatesse exquise. La musique, en tempo rapide, bouscule son sujet sans précipitation pour mieux atteindre l'expression, portée par le très beau son du saxophone de Jean Charles Richard, vif, grainu et droit. De belles pièces sous tension qui progressent jusqu'à l'explosion "Culpobility". En tempo lent, elle se donne le temps de la respiration, au risque d'extinction jusque dans le final "Actus tragicus". Prenant le risque de la liberté, cet album saisissant est d'une rare beauté. |
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