| | | par Frédéric Joussemet le 01/04/1999
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| Cette réédition regroupe les deux albums de transition entre le Soft Machine de Robert Wyatt et celui de la décennie Jenkins. Sachant qu'il faut se ruer sur la première période ("Volume two" et "Third" surtout, qui devraient être une illumination pour ceux qui ne les ont jamais entendus) et fuir la seconde, on tiendra "Fourth" et "Fifth" pour les derniers bons disques du groupe leader de l'école de Canterbury. "Fourth" opère un rapprochement vers le jazz, les thèmes étant plus dépouillés que dans "Third", tout en conservant la même ambiance chaude et la multiplicité des parties propres à Soft Machine. Elton Dean signe son premier morceau, entièrement free et peu convaincant, et Mike Ratledge place son magistral "Teeth", morceau dans l'esprit du "Out-bloody-rageous" de "Third". Cependant, c'est Hugh Hopper qui propose la pièce maîtresse, "Virtually", une longue suite qui occupait toute la face B du vinyle. Les ruptures senchaînent, laissant circuler l'étrange sentiment que rien ne pourra arrêter une Machine Molle aussi bien lancée. "Fourth" est malheureusement la dernière apparition de Wyatt avec Soft Machine, la musique et le groupe devenant trop impersonnels et techniques à son goût (peut-être voulait-il aussi chanter ?). L'ambiance glauque de "Fifth" est en opposition avec les précédents albums. L'heure n'est plus à la rigolade et on sent que, sans la folie créatrice de Wyatt, Soft Machine est devenu un groupe intello. Toutefois, il s'agit encore d'un bon album, où s'égrainent des morceaux basés sur des lignes de basse complexes et des rythmes asymétriques, dont l'orchestration volontairement sobre fait la part belle aux solistes. "As if" de Mike Ratledge, où Roy Babbington mène de main de maître un solo de contrebasse à l'archet, est sans doute le morceau le plus abouti de l'album, tant la moiteur perle derrière l'implacable lenteur du groove. La réédition groupée de ces deux albums fournit une bonne occasion de se les procurer. |
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