| | | par Christian Tranchier le 23/08/2000
| Morceaux qui Tuent The sacred and profane Wound
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| Après l'échec commercial (malgré une critique conquise) d'"Adore" leur précédent album, les Smashing Pumpkins reviennent à la charge avec les ingrédients qui ont contribué au succès mondial de "Mellon collie". Fini donc l'aspect intimiste, l'acoustique et la pop. Avec "Machina/the machines of God", les grosses guitares, les grosses batteries et les gros sons ont été rappelés. Les fans de la première heure crieront leur joie, tandis que les convertis de la dernière regretteront cette surcharge de moyens quasi inutile et trop opportuniste pour ne pas sentir à plein nez l'envie de reconquérir un public égaré, déconcerté par l'absence de guitares. (Ce ne serait pas une stratégie commerciale à l'encontre de tout principe du rock alternatif indépendant, ça ?). Mais, ne soyons pas rabat-joie, ne boudons pas notre plaisir car Billy Corgan, ce sorcier, connaît encore la chanson. Il s'y entend à merveille pour apprêter avec habileté et justesse ses compositions d'accents métal-métalliques aux moments opportuns ("The everlasting gaze", "Heavy metal machine"), qu'il assène de sa voix stridente inimitable et reconnaissable entres mille. Ses chansons demeurent toujours aussi imparables, ces chansons au squelette résolument pop, ritournelles aux airs entraînants enrobées de batteries et de sons assourdissants. Bien sûr, les Smashing n'évitent pas l'atmosphère lourde, sombre, torturée et tortueuse gothique qu'ils affectionnent tant et devenue leur marque de fabrique ("The crying tree of mercury", "Blue skies bring tears", "Glass and the ghost children"). Quand la mélancolie la plus désespérée et la plus onctueuse ne se pointe pas. Evidemment, ils surjouent sur le registre éculé du néo-gothique ("Dark angel-the crow"). C'est à la limite du digeste avec en prime un arrière-goût désagréable de déjà-vu à l'oreille. Par contre, quand ils font quelques apartés infidèles pour lorgner vers des sommets plus pop et plus légers ("Try try try", "Wound", "This time", "The sacred and profane"), c'est obligatoirement gagnant. Mais chacun sait que Billy Corgan est l'un des meilleurs songwriter de sa génération. Alors, quel dommage de gaspiller son talent à grands coups d'artifices fort empruntés et dispensables, ses chansons possédant l'acabit commercial et délicieusement entêtant des sucreries de Kylie Minogue ! (qu'il s'en défende l'hypocrite !). Mais voilà, il éprouve encore le besoin de se camoufler sous des dehors rock-punk passés de mise (un besoin ? une façon de satisfaire son public et ses ventes ? peur de sonner trop pop ?). "Machina/the machine of Gods" s'inscrit comme l'antithèse d'"Adore", un retour dérapé d'accrocher des galons gagnés depuis longtemps. D'où une impression générale et persistante d'immobilisme et d'homogénéité musicale vaguement ennuyeuse. Allons, encore un peu de maturité et Corgan nous concoctera sûrement un album pop-rock formidable. Comme "Adore" ? |
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