| | | par Jérôme Florio le 12/01/2005
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| A l'orée des années 80, le label anglais Cherry Red était un vivier foisonnant d'expérimentations, de pop fragile, et de groupes intransigeants - avec en plus ce petit côté arty pas dupe. Formés par le mésestimé Robert Lloyd sur les cendres des Prefects, son groupe punk de 1977, The Nightingales appartiennent à la dernière catégorie : entre les prolos couillus de Sham 69 ("If the kids were united") et les déflagrations iconoclastes de The Fall, ils étaient abrasifs comme ni les mignons The Rapture ou Franz Ferdinand ne savent l'être.
Paru en 1992, "Pigs on purpose" est leur plus notable succès (soutenus dès leurs débuts par John Peel, cet album a atteint la quinzième place dans les charts indé) avant séparation - l'artillerie lourde d'Oasis allait bientôt tout écraser et niveler le paysage. Lloyd chante d'une voix épaisse à l'accent lourd, travaillée dans les pubs (prononcer "pobs") à force de dilapider en pintes de bière les allocs gracieusement allouées par le gouvernement. Il détaille avec rage et décalage des instantanés de la vie "lower-class", avec l'air d'un nihiliste de comptoir : une chouette morgue, appuyée par une rythmique abrutie et des giclées de guitares brouillones, mais énergiques et tranchantes. L'hilarante "Well done underdog", chantée a cappella sur un faux air de traditionnel, se mue en tuerie dansante et décérébrée ("The crunch") les anglais utilisent l'expression "mind-numbing" pour décrire cet effet. Nous on a Brel, "beau et con à la fois" : surtout con, à voir le surréaliste appel à l'insurrection à cause des tasses de thé que prépare maman ("Don't blink"), ou le sarcastique refrain de fin de banquet de "Joking apart".
La présente réédition nous gratifie de sept titres bonus, donc sept occasions de plus d'entonner des hymnes abracadabrants comme "Paraffin brain", "Use your loaf", ou le flatulent "Inside out".
NB : on retrouve trois titres des Nightingales sur la compilation "Cherry Red Rarities : Our brilliant carreers 1981-1983" |
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