| | | par Emmanuel Durocher le 10/10/2005
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| Il y a un quinzaine d'années, les trois lurons de De La Soul créaient un hymne hip hop et moderne avec "Three is a magic number". Aujourd'hui, il faut plutôt dire "The Magic Numbers are four" et quatre c'est la double paire de frères et surs, l'américaine Michele et Romeo Stodart et l'anglaise Angela et Sean Cannon. Un look mi-hippie mi-grunge, un physique hors des standards classiques du rock, un premier album entouré de buzz médiatique dans la presse spécialisée qui pourrait rendre méfiants les plus sceptiques, et cependant, fermer les yeux et ouvrir les oreilles, les Magic Numbers ne se livrent pas vraiment à la première écoute, rendent attentif à la deuxième et charment définitivement à la suivante.
Ce disque est en effet truffé de tiroirs qui révèlent une multitude de trésors cachés. Les Magic Numbers mélangent soul, country, rock et pop ensoleillée et mélancolique, ils jouent avec les sens, et les changements de rythmiques et de mélodies se font sans souci à l'intérieur des morceaux. On voyage de Londres à San Francisco, de New York à Nashville, pas si tranquillement que ça car il y a de nombreuses turbulences même si ce sont plutôt celles de l'âme.
Romeo est la pierre angulaire du groupe, ses compositions sont remplies de perles, de choeurs sixties ("Mornings eleven") et soul ("Wich way to happy"), le riff ravageur de "Don't give up the fight", les montées abruptes mais magnifiques de "Forever lost" et "Hymn for her", le minimalisme touchant de "I see you, you see me" et les petits solos de guitare de "The mule" et de "Long legs" ne sont pas là pour montrer que le musicien sait jouer ses gammes mais à faire au contraire ressortir une émotion dissimulée, quant à "Love me like you", c'est une explosion de sentiments (qui fait penser aux Wannadies à leur meilleur niveau). La voix de ce compositeur atypique (sorte de Winnie lourson réincarné en Demis Roussos) n'est pas en reste et à beaucoup à dévoiler : on a l'impression de l'avoir croisé chez les Tindersticks, les La's, Lambchop et même Leonard Cohen mais il ne faut pas oublier les harmonies vocales héritées des Mamas & Papas, Burt Bacharach et du Polyphonic Spree.
On peut citer encore pas mal de références mais elles seraient bien en retrait de la richesse de chacun de ces titres. Ce premier album est profondément humble et rafraîchissant, hors de la mode et habité d'une sensibilité rare. Ces nouveaux nombres ne sont pas seulement magiques, ils sont aussi et tout à la fois entiers, relatifs et complexes. |
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