| | | par Sophie Chambon le 31/05/2006
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| Originaire de New York, ce pianiste de 37 ans a déjà enregistré une série d'albums pour le label Blue Note et joué avec les plus grands de Sonny Rollins à Benny Golson, de Roy Haynes à Jack DeJohnette. Après le précédent "Open range" sur le label allemand Act, où il allait voir du côté du classique, Kevin Hays choisit de reprendre des standards et nous donne ainsi une éclatante confirmation de l'étendue de son talent.
"For heaven's sake" est un album marquant, qui, sans révolutionner l'art du trio, ajoute une nouvelle page à l'histoire déjà longue de cette formation. Sorti sur le tout jeune label Algorythm d'un autre musicien guitariste, cette fois - Jean-Philippe Muvien, qui montre ainsi que, non seulement il aime les pianistes, même s'il n'en a pas encore dans ses groupes, mais qu'il sait les écouter. Car Kevin Hayes est avant tout un interprète qui imprime la couleur qu'il veut à son piano et à la musique qui en sort : toucher frémissant, délicatement bluesy, sur une ballade "Lady day" de Wayne Shorter, effervescent dans l'ouverture de Rollins "Sonny moon for two".
Il se sert de sa technique qui est grande pour innover, ménager des surprises, nous conduire où il a choisi d'aller. Et on aime à le suivre dans l'émouvante évocation du "Béatrice" de Sam Rivers ou le troublant "Beautiful love". Un lyrisme jamais alangui, écoutez le rebondissant "It could happen to you", le pianiste est remarquablement entouré par Doug Weiss à la contrebasse et Bill Stewart à la batterie, en parfaite cohésion avec cette rythmique qui effectue un travail de mise en place impeccable. L'attelage solide conduit à bon port en un rien de temps, jusqu'à l'incontournable "Caravan" , clin d'oeil et/ou passage obligé de l'histoire de cette musique. A se procurer absolument. |
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