Les adorateurs du John Mayall des
sixties connaissent et vénèrent Johnny Almond, membre pendant quelques mois de l'année 1969 des Bluesbreakers où il illumine le groupe
de son saxophone et de sa flute. Avec lui Mayall gravera deux albums,
"Looking back" en juin 69 et surtout, l’exceptionnel
"Turning point", concert enregistré en juillet au Fillmore East de New York, nimbé de bout en bout de la grâce d’un Almond
central, son saxophone ou sa flûte parfois suspendus jusqu’à
l’évanescence. Peu après, Mike Vernon, producteur de Mayall et de
tout le blues anglais d’alors, le convainc de se lancer sous son
nom propre. Johnny quitte Mayall (qui a l'habitude d'être quitté) et fonde la Johnny Almond Music Machine.
Le bougre avait su s’entourer. A la guitare Steve
Hammond, ancien d’Eric Burdon et Chris Farlowe qui rejoindra plus
tard Quatermass, fleuron obscur du rock progressif anglais. Le bassiste Roger Sutton est un ancien de Tim Rose, Julie Driscoll et
Steampacket, et fondera Nucleus, groupe phare du jazz expérimental anglais.
Geoff Condon à la trompette est un ancien de Zoot Money et Chicken
Shack, quant au batteur, Alan White, ancien comme Almond de
l’Alan Price Set, il sera le batteur du Yes de la grande époque.
Johnny Almond était un admirateur de Roland Kirk, l’homme qui jouait en même temps de la
flute et du sax. Il joue ici, mais séparément, des saxophones alto, ténor et soprano, de la flute, de l’orgue, du vibraphone, de la
clarinette basse et même du Mellotron – le monstre que les Moody Blues
viennent de populariser – mais il saura l'utiliser avec
la parcimonie nécessaire.
La musique proposée est une
alliance d’ambiances groovy (à la Jimmy Smith / Lalo Schifrin),
d’introspections méditatives, de psychédélisme obsessionnel cousinant par moments avec les géniales divagations de Pharoah Sanders. Une fusion qui domine aisément celle tentée par Herbie Hancock quand il intègre des
rythmiques rock.
Répertoire original – une seule
reprise, "Before dawn" de Yusef Lateef – que Johnny
Almond,- propulse, guide, colore, avec une grande finesse. La Music Machine dura peu, ne joua jamais
live, et l’album passa quasi inaperçu, à l’instar des remarquables et inventifs albums
de East of Eden, autres pionniers de la même période.
Johnny Almond poursuivra sous le nom de Mark-Almond une carrière en duo avec le guitariste acoustique Jon Mark (son acolyte dans le "Turning point" de Mayall). Il est mort en 2009.
JOHNNY ALMOND MUSIC MACHINE Ensingle (Audio seul)
Et ce long extrait, qui permet - à 12'40 - d'apprécier "Voodoo forest"...