| | | par Emmanuel Durocher le 21/05/2008
| Morceaux qui Tuent Problem attics Love at first sight The long run
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| Le Gallois Stuart Moxham n'est pas une personne très féconde. Principal compositeur de "Colossal youth", chef d'uvre (et unique album) des Young Marble Giants (YMG) en 1980, il publia un premier album solo "The huddle house" en 2007, mais souvent on oublie The Gist, groupe formé avec son frère Phil au début de cette longue parenthèse de vingt-sept ans.
Moxham déclarait aux début des années 80 chercher à obtenir un son semblable à "celui d'une radio coincée entre deux stations, qu'on écouterait dans son lit, à quatre heures du matin, avec ces super sons d'ondes courtes et ces fragments venus d'autres fréquences". Son souhait trouve son illustration parfaite avec "Far concern", le morceau d'introduction de "Embrace the herd", entre dub soyeux, mélodies enfantines et orgues embrumées. Puis la surprise débarque à la deuxième plage avec "Love at first sight", parfait exemple de chanson pop romantique - mais pas dégoulinante - reprise par Etienne Daho (pompeur qui nous l'avait bien caché !) quelques années plus tard dans une version française beaucoup plus connue "Paris, le Flore". Le reste d' "Embrace the herd" se compose de pas mal d'instrumentaux - parfois magnifiques, parfois dispensables - aux textures translucides qui rappellent aussi bien le Brian Eno de "Another green world", The Cure de "Seventeen seconds", The Durutti Column et bien sûr YMG : la basse haut perchée de Phil se confond souvent avec une guitare et dialogue avec la Rickenbacker de Stuart qui se joue aussi bien du reggae que des cadences hachées influencées par la new-wave de Devo (notamment sur "Dark shots"). A cette palette sonore vient s'ajouter les rythmiques inspirées du regretté Epic Soundtracks (remplaçant ainsi la boîte à rythmes crachotante des Giants), des émanations de voix féminines, des sons d'orgues vieillots à la Wurlitzer ou des synthés plus novateurs qui semblent sorti de chez New Order.
Stuart Moxham n'avait jamais considéré Alison Statton (voix de YMG et petite amie de Phil) comme une chanteuse, pourtant son côté ordinaire, son ton neutre et fataliste avaient fait la force de "Colossal youth" mais étaient aussi une des causes du split du groupe. En passant de l'autre côté du micro, le compositeur s'affirme avec une voix suave et un phrasé fluide évoquant la meilleure période du Monochrome Set, mais sonne comme le versant masculin des Young Marble Giants, avec le même détachement vocal que par le passé (c'est peut-être la raison de tant d'instrumentaux). Mais c'est avec des morceaux comme "Lambic pentameter", "Carnival headache" et surtout "The long run" que le travail d'écriture prend toute son ampleur et où chant et musique concordent et s'accordent dans une harmonie unique.
A l'image de "Problem attics" qui semble s'échapper d'un nanar de science-fiction des années 50, "Embrace the herd" est un Ovni dans le paysage musical, moins réussi mais plus bigarré que "Colossal youth", il semble refléter davantage la personnalité anti-démonstrative et surtout a-rock'n'roll de Moxham.
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