One part lullaby

The Folk Implosion

par Francois Branchon le 28/10/1999

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Merry-go-down
Kingdom of lies
E.z.l.a.
Free to go


On se souvient très vaguement de Dinosaur Jr. dont Lou Barlow était le bassiste (quelques disques et une reprise de "Lotta love" dans "The bridge", le premier tribute à Neil Young ), puis de Sebadoh, son deuxième groupe expert en mélodies pop mais au son bordélique. Enfin vint The Folk Implosion, monté avec John Davis l'ancien admirateur, nouvelle formation avec laquelle ils entrent à la surprise générale dans le Top 40 américain avec "Natural one", premier galop d'essai en 1996 composé pour le film "Kids" de Larry Clark. Le deuxième album, "Dare to be surprised", paraîtra sur un petit label indépendant et le pas de ce troisième est franchi avec la signature sur une major. Le ton y est plus consensuel et les angles plus arrondis. Barlow et Davis usent en outre de multiples petits instruments (dulcimer, grelots, Casio, melodica...) et l'échantillonneur occupe une discrète mais solide place ("Serge", bande son parfaite d'un polar du désert, va même jusqu'à sampler la batterie du "Requiem pour un con" de Gainsbourg). Si "One part lullaby" fait penser au Sebadoh de "Bubble & scrape" ou à Ben & Jason, voire à Shack en plus réussi, c'est vers le Calexico (et Giant Sand) de John Burns et Joey Convertino et leur même grosse glace à trois boules que se tournent les regards. Ces guitares d'abord, ni violentes ni paresseuses, mais omniprésentes et dépositaires du son, la batterie ensuite, perpétuellement mid-tempo et les vocaux enfin, en pleine plénitude. Mais quand le marchand de glaces de Calexico erre au milieu des espaces mexicali, celui de Folk Implosion s'est téléporté dans le Londres de 1968 et a rajouté un peu d'acide à ses parfums : la voix rappelle souvent le Donovan de "Wear your love like heaven" ("My ritual", "Merry-go-down", "Gravity decides"), les arrangements conjuguent le Pink Floyd de "More" au "Satanic majesty request" des Rolling Stones ("Someone you love", "Kingdom of lies") et "E.z.l.a." ranime le souvenir de East Of Eden, groupe secoué de la même époque. Un album homogène, d'une lumineuse fluidité ("Free to go"), quasi parfait. Beck en rêvait, The Folk Implosion l'a fait.