Le début de carrière des Doors fut un feu d'artifice, une fusée inter
galactique à trois étages : le premier ("The Doors") qui terrassa au
fond du siège, le deuxième ("Strange days") qui mit en lévitation
cosmique et soyeuse et le troisième ("Waiting for the sun"), en guise de
retour sur terre en apesanteur, au coucher du soleil. L'album qui
suivit, "The soft parade", boursouflé de cuivres poussifs avec un
Morrison crooner pathétique au faux sourire commercial confirma, malgré
une exception de taille ("Shaman's blues") que la fête était bien finie.
Rideau.
Et puis... Et puis, quelques mois plus tard, en plein deuil, survint "Morrison hotel" !
"Morrison hotel" : une hargne, une force sourde, une énergie, un
blues viscéral, un charisme, une magie, une alchimie retrouvée.
"Morrison hotel" et des morceaux tous uniques et à nouveau tous
indispensables : le couillu "Roadhouse blues" (avec Lonnie Mack à la
basse) pour mettre d'emblée l'église au milieu du village, le flottant
"Waiting for the sun" et son riff assassin et transperceur, l'enivrant
"You make me real", l'obsédant "Peace frog", le bluesy satiné "The spy"
et la folle trilogie de ballades "Blue sunday", "Queen of the highway",
"Indian summer"... "Morrison hotel" où Bruce Botnick - l'homme derrière la console -
retrouvait sa place de choix, marquait la renaissance des Doors, le
retour de NOS Doors.
Cette édition du 50ème anniversaire
(P..... déjà !!) offre la version vinyle remastérisée (à partir
des bandes analogiques évidemment) par Bruce B, une version Cd et en
deuxième Cd bonus, la genèse en studio de quatre des titres ("Queen
of the highway", "Roadhouse blues" et "Peace
frog"/"Blue sunday"), un "work in progress"
diablement intéressant sur le processus créatif où l'impro,
notamment chez Morrison tient toute sa place. Le coffret comporte également un livret conséquent.