Anthology

The Blues Project

par Francois Branchon le 01/10/1998

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Violets of dawn
Two trains running


The Blues Project est une légende. Le groupe new-yorkais eut le mérite de porter en 1966 à la connaissance du public que jazz, blues et rock pouvaient faire bon ménage ! C'était hélas beaucoup trop tôt, mais de leurs cendres naquirent Blood, Sweat and Tears et Seatrain. Fondé par le guitariste classique Danny Kalb, le pianiste guitariste Al Kooper et le guitariste issu de la scène folk Steve Katz, le Blues Project établit sa résidence au "Cafe A Go Go" de New York et enregistre trois albums devenus mythiques pour le label Verve. Juste avant de former le groupe, Al Kooper a fait partie de l'aventure "Highway 61 revisited", l'album de Dylan de 1965 qui électrifia le folk et déchaîna la fureur des puristes ! Plus tard, il signera d'autres albums majeurs, notamment avec Mike Bloomfield ("Supersession", "Live Adventures.."). Ce double disque de la collection "Chronicles" présente 36 titres remastérisés, dont aucun n'était disponible en Cd, le groupe n'ayant jamais été réédité. Ils sont issus des trois albums Verve, "The Blues Project" (1 titre), "Live at the Cafe A Go Go" (13 titres dont 6 prises alternatives inédites), "Projections" (5 titres), des deux albums Capitol, "Lazarus" (2 titres) et "Blues Project" (1 titre), de morceaux parus en singles (7) et enfin de la compilation "What's shakin" (1 titre). Au sein d'un répertoire constitué pour moitié de reprises (Willie Dixon, Bo Diddley, Jimmy Reed, Mose Allison, Chuck Berry...), Blues Project reste fidèle à l'esprit bluesy ("Hoochie coochie man", "Parchman farm", "Spoonful" etc...) mais s'écarte aussi volontiers de leurs schémas traditionnels pour sonner rock (la cover très garage de "Back door man" de Willie Dixon), folk-rock (un "Violets of dawn" de Eric Andersen très Byrds, un "Catch the wind" de Donovan en apesenteur...) ou encore vers le romantisme pop du blues anglais d'alors. C'est peut-être ainsi qu'ils sont les plus inspirés, lorsque les guitares deviennent hypnotiques, colorées de taches psychédéliques, à l'image de "I can't keep from crying sometimes", vieux morceau de Blind Willie Johnson, arrangé par Kooper, repris plus tard par Ten Years After sur son premier album, et présent ici dans deux versions. Mais la palme dans ce style revient à "Two trains running", pièce de bravoure de 12 minutes, bonheur absolu fait blues, bati sur une ballade toute bête, à deux guitares, puissantes et belles. Danny Kalb raconta que ce morceau fut improvisé dans le studio et que l'unique prise fut un moment magique et inoubliable de sa vie de musicien. On a aucune peine à le croire !