Attack & Release

The Black Keys

par Francois Branchon le 03/06/2008

Note: 5.5    
Morceaux qui Tuent
So he won't break
Remember when - side B


"So he won't break", le titre présenté en avant-première dans une compilation Mojo mettait l'eau à la bouche, compact, tranchant, brûlant, retrouvailles avec ce plaisir masochiste de se faire cisailler par les riffs de la guitare de Dan Auerbach. Graves désillusions à l'arrivée.

Car le problème de ce quatrième album des Black Keys est ici : cet excellent "So he won't break" ne rencontre qu'un alter ego, "Remember when - side B", pour errer tous deux dans une collection de chansons certes sympathiques, démarrant parfois bien ("Strange times", "Ocean streams"...) mais vite lassantes, le (presque) Jethro Tullien et embourbé "Oceans and streams", le noyé sous l'orgue "Things ain't like they used to be", autant de morceaux à l'avenant, jamais à la hauteur calorifère des brûlots d'antan.

Alors, génétiquement modifiés les Black Keys ? Se mettre dans les pattes du "faiseur" de talent Danger Mouse - pote d'Albarn, producteur de Gnarls Barkley, de The Good, the Bad & the Queen... - n'était visiblement pas une si bonne idée, pour aller y perdre à ce point son âme. Certes la production est soignée, fluide, l'art de masquer les samples intact, mais les Américains y ont perdu leur sève et leurs tripes, dilués, dissous, et comble, on se prend à chercher la guitare !

On aime trop les Black Keys pour leur laisser passer cette tromperie. Agréable sans plus, sans relief ni secousses, "Attack & release" est le faux pas que Dan Auerbach et Patrick Carney devront utiliser pour rebondir, faute de passer du statut de meilleur groupe de rock de ces dix dernières années à celui de proportionnelle déception, avec un grand D.