| | 1962 | | Coffret 5 DVD Apple / EMI 2003 |
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SPIRALE |
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| | | par Flavien Girard le 20/12/2003
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| Les Beatles se sont permis le crime parfait. Il ne leur manquait plus que cela. La hotte pleine de dvd saisonniers, ils débarquent avec la ferme intention de dévaliser notre treizième mois. Outre la sortie française du film A hard day's night, outre les légendaires apparitions chez Ed Sullivan, on pourra revenir sans mal sur cette version nouvelle de l'anthologie. Déclinée en disques, livre, vidéos, programmes télés, elle a toujours le mérite d'être fait avec goût et c'est cela qui surprend en premier lieu. Les Beatles savent encore avoir du goût, ils ont le sens du design. Il suffit de se rendre sur le site officiel, pauvre en informations mais riche en originalité pour se le faire dire.
L'Anthology Dvd, c'est donc pour plus ou moins la première fois l'histoire des Beatles racontée par eux-mêmes et le casting interminable des cinquième Beatle (George Martin, Brian Epstein, Neil Aspinall...). Interviewés par Jools Holland (clavier des Squeeze), tous confirment ce que l'on pensait d'eux. Lennon, fatalement absent intervient malgré tout par bribes d'interviews pré-mâchées à son honneur car pleine d'un recul ironique et tape dans l'oeil, McCartney explique pourquoi tout était beau, pourquoi ce n'est pas sa faute et comment il a écrit toutes ses chansons dont il est le seul des quatre à connaître les titres exacts. Il parle avec les bras, se gratte le nez joue "I will" au yukulélé... Harrison est le plus impressionnant parce que le plus détaché. Le plus ironique aussi. Pas dupe, il a toujours l'air de se demander à quoi tout cela servira. Ringo reste Ringo, il a la figure de ces oncles qui ne vieillissent pas et qui rigoleront toujours aussi fort.
Les interviews communes sont assez passionnantes et frustrantes. Agacement de les voir parler du good old time comme si c'était la seule façon de les faire converser ensemble. Un peu de cette frustration s'estompe pour laisser place à la perplexité lorsque dans le cinquième Dvd rempli de bonus, ils jouent ensemble (si !). Perplexité parce que réflexe idiot : le cerveau marche "est-ce acceptable de le revoir jouer ensemble ?". Puis finalement, là n'est pas l'importance. Trois amis sans prétentions qui jouent quelques snippets de rock and roll et qui nous regardent comme s'ils nous disaient qu'ils allaient bientôt mourir (parce qu'eux aussi mourront un jour) et qu'ils n'allaient pas se priver pour nous. Ce n'est pas pour nous qu'ils jouent, c'est pour nous enterrer.
Dans le corpus lui-même, cette métaphore filée du goût se propage avec des illustrations live de leur carrière. Et comble de richesse et rareté, les titres sont souvent entiers et restaurés. Ainsi, on peut voir une copie parfaite des chutes de bobines du concert au Shea Stadium (du grand Lennon), des extraits du dernier concert à Candlestick Park et les scopitones couleur puis noir et blanc de Rain et "Paperback writer.
Enfin, le clip de Free as a bird définit parfaitement les Beatles : ils ont été quasiment les premiers à exploiter la puissance d'un clip en filmant pour les télévisions une version studio de chacun de leur single. Plus de trente ans d'inactivité plus tard, ils rivalisent encore avec ce qu'ils ont engendré.
Un Noël de goût, du champagne ouvert depuis des décennies mais les bulles explosent toujours.
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