| | | par Francois Branchon le 21/11/1999
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| Le rêve d'Ananda Shankar, neveu du maître universel du sitar et Dieu vivant en Inde Ravi Shankar, était de "briser les barrières, toutes les barrières, grâce à la musique, l'amour, la passion et la compassion". Vaste chantier. Le mélange dosé de musique classique indienne (avec flûte, veena et sitar), de culture pop (basse et guitare électriques), de breakbeat, de hip hop et de beats de tabla que propose ce "Walking on" est une fusion presque irréelle, tant elle semble aller de soi, ne jamais procéder du "collage" ou de la "juxtaposition". Peut-être parce que la fusion n'est pas une fin en soi recherchée par Ananda Shankar, mais plutôt sa démarche spirituelle, son désir de rencontrer l'autre. Depuis longtemps, bien avant de fréquenter ces musiciens de la scène indienne de Londres, sa musique suivait les préceptes de son oncle : lancer des ponts entre Orient et Occident. Ravi Shankar, dans les années soixante, "exportait" sa musique à l'ouest et se produisait sur les scènes hip de San Francisco quand Ananda, après une visite en Californie en 1969 (et des sessions improvisées avec Jimi Hendrix ! ), "importait" en Inde la pop occidentale et la fusionnait avec sa culture classique. On parle d'un mythique premier album avec des reprises étonnantes de "Jumping Jack flash" et "Light my fire" ! La douzaine de musiciens qui l'entourent ici sont coordonnés par Sam Zaman, alias State of Bengal, qui tient aussi la basse. Partie prenante avec Talvin Singh et quelques autres de cette scène londonienne indienne, il a participé aux albums de Nusrat Fateh Ali Khan, Massive Attack et Björk. Qu'ils soient d'ossature pop carrée ("Tori", "Betelnutters"), envisagés comme une lévitation au-dessus du sol chère à la musique indienne ("Alma ata") ou venus d'ailleurs ("Pluck"), les morceaux finissent tous par se fondre, fluides, souvent furieusement gais et les envolées de sitar croisent des soli de guitare qui parfois rappellent Carlos Santana ("Walking on"). Écoutez cet album, faites-le écouter... c'est son dernier : Ananda Shankar s'est éteint le 26 mars dernier. |
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