Morceaux qui Tuent It's about time Johnny be gay if you can be Spin spin spin
Il aura fallu un peu de temps, mais on a fini par mettre la main sur cette réédition du premier album (1964) du sublime Terry Callier, aujourd'hui sorti de l'oubli grâce notamment à "Time peace", paru chez Verve. La magie de ce disque est la rencontre, unique à ce jour, entre une voix noire et le répertoire folk de la jeune garde américaine du début des années soixante. Le disque fut en effet enregistré au plus fort de la vague néo-folk qui voit le Café Wha! de New York envahi par Dylan, Eric Andersen, Eric Von Schmidt, Dave Van Ronk, Tim Buckley, Fred Neil, Joni Mitchell et Tom Rush et les clubs californiens par les nouveaux folksingers Jorma Kaukonen, Jerry Garcia, Roger McGuinn, Jesse Colin Young, Marty Balin ou Janis Joplin, tous futurs mages des cérémonies psychédéliques de la côte ouest.
Les huit titres de cet album pourraient tous être chantés et joués par ces artistes-là. D'ailleurs le "Spin spin spin" de Kent Foreman qui figure ici, est beaucoup plus connu par la version (aux paroles modifiées) de H.P. Lovecraft, groupe de San Francisco de 1966 ou par les Youngbloods de Jesse Colin Young. Tout ici est sobre : l'accompagnement se résume à une guitare acoustique et deux contrebasses, formule héritée de Coltrane, dont les concerts avaient ébloui Terry Callier. La différence importante reste sa puissance vocale. Une voix tout à la fois enjôleuse, simple, habitée, lumineuse.
Le drame de ce disque, enregistré en 1964, au plus fort de la vague néo-folk, est de n'être sorti qu'en 1968, alors que le mouvement s'était depuis longtemps électrifié, Roger McGuinn avait fondé les Byrds, Jorma Kaukonen le Jefferson Airplane et Bob Dylan rencontré The Band... Découvertes ou redécouvertes aujourd'hui, ces chansons n'ont pas pris de ride tant la grâce qui les habite est juste et sincère.
TERRY CALLIER Johnny be gay if you can be (Audio seul 1964)