| | | par Francois Branchon le 16/03/2003
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| Le chant polyphonique de Sardaigne fut transmis au fil des transhumances, et les bergers les chantaient dans les "nuraghes", ces cabanes de pierres vieilles de 3000 ans qui parsèment les montagnes de l'île. On y trouve beaucoup d'affinités avec les chants d'Orient, d'Afrique et d'Océanie, particulièrement les voix très gutturales et les rythmes très asymétriques. Une musique non écrite, dont la transmission orale exclusivement de père en fils reflète aussi la tradition d'une civilisation d'où les femmes sont exclues (latinité, latinité...). Les Tenores di Bitti sont un quatuor installé en Sardaigne, qu'on appelle aussi "les 4 ténors", mais ceux-ci, au contraire des "3 autres" sont authentiques et désintéressés. Ils interprètent un répertoire de "poésie orale" , totalement a capella, qui parfois impressionne par ses pulsions rythmiques ("Monte seris", "T'amo", "Sos artigianos"...), frise le religieux ("Anghelos cantade") ou y entre de plein pied ("S'annunziata"), frôle le tribal africain ("Sa ballarina") ou se fait petite ballade in situ ("Sardinia soundscape") agrémentée de cloches de chèvres, seule intervention "extérieure" à cet album. Une musique beaucoup plus en angles, contrastée et chahutée (et dépouillée à la fois) que les polyphonies corses voisines (peut-être victimes de leur overdose médiatique). |
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