Partie prenante de ces grappes de groupes nés en Grande-Bretagne à la fin des années soixante, qui souhaitaient tous devenir le futur Deep Purple ou le prochain Led Zeppelin, quand leurs ainés de cinq ou six ans avaient tous voulu être les nouveaux Beatles, Tear Gas ne se démarque guère de ses autres collègues heavy rock de 1970. Cette réédition est celle du second album paru en 1971 - avec une pochette signée Hipgnosis - qui ne rencontra comme le premier ("Piggy go
getter" 1970) qu'un succès d'estime.
Tear Gas parvient à capter l'attention à quelques occasions, lorsqu'il durcit le folk de Jethro Tull (intéressante reprise de "Love story" sous speed), à la faveur d'une ballade mi-King Crimson, mi-Vanilla Fudge ("Where is my answer") ou quand le guitariste Zal Cleminson laisse (enfin) de côté les riffs sommaires pour s'égarer dans un psychédélisme assez échevelé ("I'm glad"), mais la tonalité générale reste malheureusement un peu anodine, y compris sur les reprises des standards rock&roll "All shook up"/"Jailhouse rock" (dans le genre Blue Cheer avait réussi beaucoup plus tranchant en 1968 avec "Summertime blues").
La suite de leur carrière sera beaucoup plus souriante. Recherchant un nouveau chanteur, ils verront le fulgurant Alex Harvey se présenter au casting, emporter le morceau au point de faire de Tear Gas sa chose, changeant son nom en Sensationnal Alex Harvey Band (SAHB). Le nouvelle formation connaitra un succès mondial, grâce à des passages sur scène remarqués, Harvey l'occupant avec talent et un spectre plutôt large, du blues au glam. En 1972, le SAHB arrivait pile dans l'air du temps.