"Sylvie vas-t'en", ainsi que la surnommaient les mauvaises langues en 1963, attendant d'une chanteuse qu'elle sache chanter,
ne dut sa carrière qu'à des concours de circonstances : engagée à la
porte de son lycée pour donner la réplique au
dentiste-chanteur Frankie Jordan, profitant de l'entrisme de son trompettiste de frère
aîné Eddie Vartan dans le show-biz
parisien, tout ceci menant à la rencontre arrangée avec l'idole
des jeunes Hallyday à l'occasion du western camarguais de série Z "D'où viens-tu Johnny ?". Elle en sera copine de puis femme de, statut assurant une notoriété durable.
Comme
lui, elle sera avant tout une machine à
traduire les tubes anglo-saxons, ses hautes positions au hit-parade
français lui
garantissant la préférence éditoriale sur les meilleurs morceaux des
charts américains, et ce, dès les années
twist avec le "Locomotion" de Little Eva, "Twist
& shout" des Isley Brothers, plus connu par la version des Beatles
("Twiste et chante"), "My whole world is falling down"
de Brenda Lee ("Si je chante"), "Rhythm of the rain" des Cascades ("En
écoutant la pluie"), "What'd i say" de Ray Charles ("Est-ce que tu le
sais") ou "I'm watching you" de Paul Anka ("Je ne vois que toi"). Et
moyens aidant, elle se permettra tous
les luxes, enregistrer à Londres avec les meilleurs arrangeurs (Arthur
Greenslade, Reg Guest, David Whitaker...) ou à Nashville avec les
musiciens de Presley (il paraît que la maison-mère RCA Usa - dit Vartan
aujourd'hui en interview - voulait absolument faire d'elle une star
internationale, bigre !). On est plus enclins à penser qu'il s'agissait
là de caprice à contenter.
Après l'extinction de la vague
yé-yé, finies les adaptations faciles de tubes anglo-saxons, les Français
écoutent les originaux. SV se relocalise à Los Angeles avec le
producteur de cinéma Toni Scotti. Tous
deux y fabriquent la carrière de son fils David H et son recyclage
personnel en meneuse de revue à l'américaine, sorte
de Line Renaud de seconde génération, passant régulièrement en France
relever les compteurs dans les émissions des Carpentier et écumant le
pays de tournées en play-back.
En léger
contresens avec l'Histoire (dans les années soixante, les artistes
vendaient des Ep, trois ou quatre par an, le Lp n'étant qu'un objet commercial paraissant à Noël pour les rassembler tous), le
département rééditions de Sony-BMG (qui résiste et existe encore, bravo !) publie une palanquée de rééditions en tirage limité de Lp vinyle
couleur pour célébrer les soixante ans de scène de la vénérable dame.
Tout est couvert, depuis le premier en 1962 jusqu'aux prolifiques et clinquantes années soixante-dix. On a un faible pour la période 1965-67 : les yéyés commencent à se déliter, le travail en studio se fait plus sérieux et les vedettes
françaises filent à Londres profiter de l'effervescence pop ambiante.
Cette période voit Sylvie Vartan interpréter des chansons originales,
composées par son frère Eddy, par Lucien
Thibaut ou surtout par deux de ses musiciens de l'époque, Tommy Brown et
Micky
Jones (futur fondateur de Foreigner). Ces deux-là animent les
Blackburds, le groupe rassemblé à Londres par Hallyday pour l'album "La génération perdue" (début 66). Vartan les récupère, Françoise Hardy
fera de même en 67 (la sublime "Fleur de lune"/"Song of winter" pour
elle ce sont eux). Pour Vartan ils créeront quelques réussites : "Cette lettre-là" (qui rappelait la jolie "Les
clous d'or" de Larry Greco en 1961) et les titres en anglais "Gonna cry" et "It's not a game". Les
amateurs-collectionneurs de Sylvie Vartan (clin d'oeil aux Japonais)
seront aux anges mais doivent se presser : la collection est un one shot.
SYLVIE VARTAN Cette lettre-là (Audio seul 1965)
SYLVIE VARTAN Gonna cry (Audio seul 1966)
SYLVIE VARTAN It's not a game (Audio seul 1965)
Collection "60 ans sur scène"
Déjà disponibles
Chance (1963) Twist et chante (1963) A Nashville (1964) Il n'a rien retrouvé (1965)
Sylvie (1966)
Gift wrapped from Paris (1966)
Il y a deux filles en moi (1966) Sylvie (1967) Deux mains (1967) La Reine de Saba (1967) Sylvie 2 (1967) Sylvie Vartan La Maritza (1968) Sylvie Vartan Aime moi (1970) Sympathie (1971) J'ai un problème (1973) Non je ne suis plus la même (1973) Je chante pour Swanee (1974) Shang Shang A Lang (1974)
Prévus en février 2022
L'Amour au diapason (1974) Qu'est-ce qui fait pleurer les blondes (1976) Sylvie Vartan Ta sorcière bien aimée (1976) Sylvie Vartan Georges (1977) Dancing star (1977) Fantaisie (1978)