| | | par Jérôme Florio le 30/12/2002
| Morceaux qui Tuent Way down here without you Baby goes to eleven I can't wait Her melancholy tune
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| Le groupe américain Superdrag livre un troisième disque étrangement hors des modes. Une bonne moitié des titres sont de la power-pop de bonne facture, à la structure classique et efficace, avec des mélodies noyées sous des guitares saturées ("So insincere"). Fouillez votre discothèque, vous trouverez ce genre de musique dans les années 90, chez Weezer par exemple. On croise Robert Pollard sur "Baby goes to eleven", l'influence de Guided By Voices se fait sentir sur "Feeling like I do" avec ses guitares dissonantes. Ce décalage temporel d'une dizaine d'années fait penser à une power-pop qui serait passée à l'âge adulte : la production est très propre et lisible, et ne surcharge aucun morceau inutilement. Un peu comme Nada Surf récemment, l'inspiration des textes délaisse l'insouciance juvénile pour prendre un tour plus mélancolique, avec des histoires d'amour et de manque. "The staggering genius", "Remain yer strange", avec leurs riffs primaires qui font bêtement taper du pied, lorgnent du côté des groupes du revival punk à la Offspring. Tout ceci sonnerait presque désuet aujourd'hui, mais, alors que l'on s'habitue à ce son efficace sans grande surprise, le propos s'allège doucement sur "Extra-sensory", une rythmique plus légère et une architecture pop évidente, moins cachée derrière les guitares au son plus clair, et puis arrive la grande affaire du disque, l'aérienne "Way down here without you" : le genre "chanson pop parfaite" immédiatement accrocheuse, acoustique, que l'on croise de moins en moins souvent de nos jours et comme tirée d'un disque de Teenage Fan Club (soupirs !). Le mérite de Superdrag est de convaincre qu'il restait encore une chanson de ce type à écrire. Avec "Safe & warm", ça y est, les Superdrag tombent enfin leur masque de faux jeunes et proposent un joli morceau d'americana en invitant pedal-steel et violons : on est propulsé dans les seventies, loin de l'agitation actuelle. Hé les gars, on vous a pas dit que pour être à la mode fallait sonner comme Cure ou Gary Numan ? Il faut souligner le soin apporté tout au long du disque aux harmonies vocales, qui donnent une coloration pop américaine à l'ensemble, des Left Banke (les Beatles baroques américains) aux groupes californiens des années 70 (Chicago ?). Ces churs emportent la romance de "Her melancholy tune". Le disque se clôt sur "Drag me closer to you", au riff de guitare bien grassouillet, limite hard-rock... "Last call for vitriol" s'écoute très bien de bout en bout, écartelé entre pop années 90 et musique américaine années 70, et ça le rend très attachant. |
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