Frank Sinatra fut the right man in
the right place, quand, à la fin de la deuxième guerre
mondiale, sa voix est le meilleur des panse-plaies pour les jeunes Américains traumatisés et leurs parents. L'Amérique va alors
offrir au fils d'immigré italien une notoriété et un succès
immenses, une fidélité inconditionnelle qui lui permettra de se
jouer avec insolence de toutes les modes qu'il verra défiler. Il ne
leur résista même pas, il n'était juste pas concerné.
Steven Jezo-Vannier, dont on avait
grandement apprécié l'ouvrage-somme sur le Grateful Dead
("Grateful Dead" Le Mot et le Reste 2013) a écrit là un
livre de fan énamouré, un pavé dont l'épaisseur
étouffe-chrétienne aurait pu effrayer, mais qui se révèle
passionnant de la première à la dernière page. La vie de Sinatra y
est disséquée, expliquée, analysée, contextualisée, de l'enfance
à la fin, ses hauts (nombreux), comme ses bas (aussi nombreux), sa
voix (THE voice), sa musique (et notamment ses arrangeurs),
ses zones d'ombre (la bouteille, les accointances douteuses avec la
mafia - cf le personnage de Johnny Fontaine dans "Le parrain 1"
de Coppola), mais aussi ses combats de gauche (soutiens aux
ouvriers en grève, droits civiques). Riche et complexe.
Une œuvre et une vie, une somme et une
référence.