| | | par Chtif le 13/10/2005
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| Steve Marriott ne fut pas seulement un des plus grands chanteurs blancs d'Angleterre. Il récolta aussi la palme du plus malchanceux.
L'histoire débute pourtant sous les meilleurs auspices : enchaînant d'inoubliables singles en pleine effervescence Mod londonienne avec ses Small Faces, Steve remporte un succès à la mesure de sa voix, héritée des géants du rhythm & blues. Cependant, vaincue par l'indifférence polie des États-Unis qui n'aura jamais considéré le groupe que comme un "one hit wonder", l'aventure s'achève dans la frustration. Roulé par sa maison de disques, Marriott n'aura d'ailleurs jamais gagné un kopeck de cette période.
Début 1969, Steve est contacté pour tenir le micro d'une jeune formation british blues, mais décline l'invitation. Le groupe en question fera quand même son petit bout de chemin. Son nom : Led Zeppelin. Joli rendez-vous manqué. (Rappelons à cette occasion que "Whole lotta love" est, disons plus qu'inspiré par "You need lovin'" des... Small Faces.)
Pas découragé, Marriott fonde Humble Pie avec Peter Frampton et s'engage dans la même voie que le gang Page-Plant : improvisations-marathons, reprises rhythm & blues et voix haut perchée rameutent une bonne troupe d'aficionados, mais ne permirent jamais au groupe de percer à grande échelle. Las, Frampton quitte le navire et s'en va jouer au beau gosse dans les charts à grands coups de "Baby I love your way". Marriott finira par jeter l'éponge en 1975.
Malgré tout, Steve garde le moral, ou du moins donne le change, sur le sobrement intitulé "Marriott", enregistré dans l'urgence l'année suivante avec ses All Stars (et réédité pour la première fois en cd). La première moitié de l'album déroule un blues rock anglais classique et sans grande finesse. Le chanteur y réussit encore de belles prouesses de voltigeur soul du haut de son mètre soixante, et quelques bons riffs ("Wam bam thank you ma'am") font oublier que la poussive et inévitable ballade ("Help me make it through the day") mouline à vide.
La deuxième moitié prend quant à elle une coloration Motown renforcée par la présence de choristes et d'une section cuivres et cordes sympathique mais périssable. La basse, très en avant dans le mix, devient carrément disco-funk sur "Are you lonely for me baby". Marriott, fatigué, n'y croit pas vraiment mais empêche tout de même l'affaire de sombrer dans un pastiche de Chic.
La fin de l'histoire a un triste goût de mauvais film : l'album "Marriott" tombera à plat, d'éphémères réunions des Small Faces ou du Pie également, et Steve aura la mauvaise idée de s'endormir avec une clope au lit le 20 avril 1991, alors qu'il reprenait l'écriture avec Peter Frampton. Clap de fin. Difficile de faire plus injuste. |
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