Louanges

Stephan Eicher

par Francois Branchon le 01/07/1999

Note: 4.0    

Au fil de ses albums à succès, que reste-t-il du suisse allemand, du jeune électro-punk agité, rageur et génial chanteur des "Filles du Litmaquai" ou passeur pour sa génération des garage bands américains des sixties, les Seeds en tête, dont il reprenait le fringant "No escape" ? Apparemment pas grand chose, pour ne pas dire rien. Le chant imprégné d'urgence des débuts avait l'excuse de sa fougue pour cacher son indigence et c'était très bien ainsi, voire même séduisant. Aujourd'hui, posée sur des musiques "respectables", "calibrées", "marketées", cette voix est devenue insupportable, se transforme en râle fatigué à la fin de chaque phrase, sans que l'on sache s'il s'agit de flemme, d'épuisement ou... tout simplement d'un genre que Eicher se donne, artifice facile d'identification, à l'instar d'une Jane Birkin qui s'acharne après trente ans passés en France, à parler notre langue avec les mêmes fautes. Aujourd'hui, Stephan Eicher a beau prétendre être un "musicien du monde" et parler de lui à la troisième personne dans les interviews, sa recherche musicale est quasi nulle. Certes le son est soigné, l'ambiance est belle et les arrangements n'ignorent pas les clins d'œil (tiens tiens des cornemuses...), mais d'émotion point. Alors toute la stratégie de sa nouvelle maison de disques (gros budget : on l'a vu sur tous les plateaux Tv et entendu derrière tous les micros) est une nouvelle fois basée sur la bouée de secours, les textes de Philippe Djian. Sacré Djian, écrivain aimé ou détesté (peu importe), parfait manieur de mots, dont on tient ici à saluer une facette cachée du talent. Stephan a en effet un petit problème : il ne peut pas prononcer les "r". Et bien, Philippe lui a concocté des petits textes où il n'y en a pas un seul : c'est pas grand ça ?