Stella (Expanded edition)

Stella (Stella Zelcer)

par Francois Branchon le 02/03/2015

Note: 9.0    
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Incongrue, décalée, iconoclaste, ou même soupçonnée de cracher dans la soupe, quand gamine de quinze ans au pays des yéyés, elle en adopte les codes et les ondes pour s'en moquer, Stella était en 1965 - à notre insu - bien autre chose.

Née Stella Zelcer, de famille immigrée polonaise, elle est la nièce de Maurice Chorenslup, compositeur, musicien et arrangeur de jazz. De quatorze ans son ainé, l'oncle n'attend pas les dix ans de la gamine pour l'initier à la chanson française (Brassens, Brel, qu'elle reprend dès l'école primaire !) et surtout au jazz - Miles Davis, Dave Brubeck, Stan Getz... sur disques et en concerts. Il lui apprend aussi le piano, qu'à quatorze ans (1964) la gamine maitrise parfaitement.
Pas étonnant qu'en 1972, après la parenthèse "yéyé" qui nous intéresse ici, quand elle croise l'halluciné batteur fondateur de Magma Christian Vander, elle l'épouse et devienne la chanteuse du groupe. Une boucle jazz qui se boucle.

Mais donc entre temps, Stella et Maurice, amusés (consternés ?) par la vague yéyé, décident de s'en mêler, elle en écrivant une tripotée de textes drôles, mordants, moqueurs et lui, en composant les musiques, une sorte de binôme gagnant, à l'instar du duo Dutronc avec l'écrivain Lanzmann. C'est d'ailleurs dans la même maison Vogue, n'hébergeant que des auteurs-compositeurs qu'ils vont éclore. Le premier EP ("Le folklore auvergnat") rencontre le succès, ouvrant la voie à la suite. On est en 64, elle a 14 ans.

Les (petites) chansons ne pourraient être que de gentils amusements, mais comme celles de Dutronc, elles ont leur charme, chantées avec le même détachement ironique, un second degré qui les sauve du vieillissement : "je proteste pour les Viets, contre les Congs, et les Congs ce n'est pas ce qui manque...".

L'oncle Maurice, bien introduit dans les studios, convoque de bons musiciens, signe des arrangements bluesy ou rhythm & blues à la manière d'un Nino Ferrer ("Cauchemar auto-protestateur" pour se foutre d'Hugues Aufray), quand il ne plagie pas carrément Hendrix ("L'idole des jaunes" et sa très foxy lady guitare). Les idoles à la mode en prennent pour leur grade, Sheila ("Le folklore auvergnat" en réponse au "folklore américain), Vartan ("Pourquoi je chante" crûment détourné, à voir ci-dessous), Hallyday ("L'idole des jaunes")...

Aujourd'hui Stella Vander, qui ne fait plus partie de Magma depuis longtemps, est une chanteuse de jazz reconnue.




STELLA Pourquoi je chante (Audio seul 1965)