Starkey,
avec son deuxième album "Ear drums and black holes", se la
joue autant efficace qu'introspectif. D'un côté, des boucles
ravageuses, des basses lourdes qui servent une fibre dubstep et
grime. De l'autre, des nappes poétiques pour un paysage plus
mélodique. Deux facettes avec lesquelles le producteur de Philly
aime jongler pour mieux nous surprendre. "Ok Luv" ouvre
l'album avec un son clair, léché, feutré, enrobant : un son
sexy. Mais Starkey enchaîne immédiatement avec "Murderous
words", calant un bon vieux flow. Attention, rythme bancal et
lourd.
Vous
l'aurez compris, "Ear drums and black holes" est de
l'electro-hip hop intello-raffiné. Starkey ne crée pas pour autant
un univers aseptisé. Il s'amuse savamment avec ses machines et ses
synthés, nous prend à contre-pied, nous faisant entrevoir de
petites douceurs passagères, ses sourdes basses produisant ainsi
mieux leurs effets. Sur "11th hour", l'introduction
aérienne cède vite sa place à un beat cinglant et syncopé, puis à
une mélodie posée et envoûtante. A s'envoyer à fond de cale, cela
va sans dire. "Spacecraft" opère à partir d'une recette
équivalente : une boucle indéboulonnable qui sait y faire ;
et, comme une respiration, un break suave apparait, presque niais;
vite fait chassé par le retour de cette boucle foudroyante que nous
avions presque oubliée. Bam.
Les
MCs contribuent parfaitement à l'alternance d'atmosphères sur "Ear
drums and black holes", allant et venant entre ambiances
lunaires et vibrations de bad boy : Cerebral Vortex, P-Money,
Anneka, Buddy Leezle, Kiki Hitomi. Laissez-vous donc ambiancer par la
vibe intelligente de Starkey. Assurément plus Hutch qu'il n'y
parait.