| | | par Vincent Théval le 23/02/2002
| Morceaux qui Tuent The cool song Take a dance with me
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| 1974. Après l'immense succès de "Harvest" et les deux années d'errements qui s'en suivent, Neil Young a deux albums sous le coude, prêts à sortir. Le premier, "Tonight's the night" est un album sombre, tendu, dépouillé, hanté par les overdoses de Danny Whitten, guitariste du Crazy Horse, et de Bruce Berry, roadie de Crosby, Stills, Nash (and Young). Le deuxième album se nomme "Homegrown", c'est la suite de "Harvest", un album boisé, doux et mélodique, celui des retrouvailles avec le public. Ce disque ne sortira jamais. Rebaptisé "I'm going home" et attribué à un jeune norvégien de vingt-cinq ans à l'improbable pseudonyme, St Thomas, l'album fantôme refait aujourd'hui surface. Il s'agit bien de la merveille que nous avions fantasmé : la voix est familière, haut perchée, à la fois fragile et forte, parfois seule porte-parole de la mélodie, souvent accompagnée de churs, féminins ou pas. Cette musique n'a pas vieilli. Comment le pourrait-elle ? Redoutons le jour où nous ne serons plus émus par l'alchimie magique et sans âge de "Into the forest", un harmonica, un banjo, une guitare, une batterie, une voix et des frissons. Le seul minuscule défaut de ce petit chef-d'uvre est de s'ouvrir sur son meilleur morceau, "The cool song", chanson mélodiquement irrésistible, portée par une rythmique légère et lancinante, un harmonica essoufflé et une guitare empressée. La suite est à l'avenant, convoquant parfois des cordes pour des chansons souples et denses à la fois. Le Crazy Horse, curieusement rebaptisé The Bjorkhaug 49'ers est au complet sur un très beau "I'm going home #2", ballade acoustique dépouillée où chacun vient poser sa voix à côté de celle de son voisin. Au ralenti où enlevées, ce qui frappe le plus, c'est l'aisance mélodique et la limpidité de ces chansons. "Strangers out of the blue" les larmes aux yeux ou "Cornerman" enlevée, noyée sous l'harmonium et les violons, imposent un son compact et chaleureux. Seule cassure dans ce flux tranquille, les dissonances de "Bookstore" sonnent comme une chute d'un album de Will Oldham, pétage de plombs déjanté sur fond de country claudicante. Avoir la chance d'écouter ce disque aujourd'hui est une bénédiction incroyable. Qu'il ait en fait été enregistré en Norvège du 2 au 9 avril 2001 par un jeune homme de vingt-cinq ans relève pour le coup du miracle. |
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